Avec notre correspondant à San Francisco, Eric de Salve
Une vingtaine d’exemplaires vendus dès le premier jour. « Permanent Record », « Mémoire vive » en français, les mémoires d’Edward Snowden, le lanceur d'alerte de 36 ans réfugié en Russie depuis qu’il a dénoncé en 2013 la surveillance massive des communications par le renseignement américain, démarrent plutôt bien dans cette libraire de San Francisco. Derrière sa caisse, Michael, le libraire, lui-même intrigué par le parcours de l’ex-espion américain, s’est mis un exemplaire de côté.
« Le fait qu’il soit obligé d’aller trouver refuge en Russie pour finir enfermé là-bas avec Poutine qui lui dit : "Tu es en sécurité ici", c’est une incroyable ironie du sort, rit-il. Ça rend son histoire encore plus fascinante ! »
Saisie de tous les bénéfices du livre
Moins enthousiastes, les autorités américaines demandent à la justice la saisie de tous les bénéfices du livre. Snowden raconte pourquoi en 2013, il fait le choix de révéler les secrets de la surveillance de masse de la CIA, quitte à vivre en exil depuis. Pour comprendre, Jon, jeune ingénieur dans la Sillicon Valley, vient d’acheter son autobiographie.
« Je peux comprendre pourquoi il fait ça, pourquoi il a tout sacrifié pour, selon moi, le bénéfice de notre pays, glisse-t-il. Mais soyons honnêtes, ce qu’il a fait était bien un crime, et tout Américain qui commet un crime a droit à un procès équitable. Il ne devrait pas être poursuivi par cette vieille loi anti-espionnage. »
Lanceur d’alerte pour les uns, traître pour beaucoup d’Américains, Snowden risque la prison à vie aux États-Unis pour espionnage et vols de secrets d’État.