Avec notre envoyée spéciale à Nassau, Domitille Piron
C’est une crise migratoire qui se profile. « Exode », titre d’ailleurs la presse nationale. Des milliers de personnes ont déjà été évacuées des îles d’Abaco et Grand Bahama. Ils étaient 3 500 lundi soir à être arrivés dans la capitale, mais on s’attend à en recevoir le double, voire le triple.
Sur place, les rescapés de l’ouragan Dorian patientent encore pour quitter ces îles dont il ne reste quasiment plus rien. Un habitant de Marsh Harbour sur Abaco estime que sa ville a été ravagée à 80% par l’ouragan. Fuir reste donc la seule option possible.
« Je veux quitter les Bahamas, parce que je suis trop bouleversé. Je veux une nouvelle vie et je ne veux pas de cette nouvelle vie aux Bahamas, témoigne Timoty Rode, évacué d’Abaco. Nassau, ça n’est pas une nouvelle vie pour moi, je voudrais aller aux États-Unis ou au Canada. Je ne vois qu’une seule possibilité : partir d’ici ! Je suis tellement choqué par ce que j’ai vécu. Si je vois venir un autre ouragan, la peur me tuera. »
Services d'immigration débordés
Et si jusqu’à présent les États-Unis ont aidé aux évacuations et même accueilli environ 1 500 rescapés en Floride, à présent, les portes semblent se fermer. À Freeport, sur Grand Bahama, des centaines de personnes ont été obligées de descendre du ferry qui devait les amener à Miami, faute de visa.
Donald Trump a par ailleurs déclaré lundi que les États-Unis devaient « faire attention » aux personnes venues des Bahamas accueillies sur le territoire américain, mettant en garde contre « des membres de gangs et des trafiquants très méchants ».
Dans la capitale, Nassau, les évacués ne demandent qu’à partir, les services d’immigration sont débordés. Selon un officier de l’immigration, le gouvernement des Bahamas nage en plein chaos et la crise que le pays affronte actuellement est sans précédent.