Avec notre envoyée spéciale à Nassau, Domitille Piron
Après le passage de l’ouragan Dorian il y a une semaine à Abaco et Grand Bahama, les personnes gravement blessées ont été évacuées dès lundi vers l’hôpital Princess Maragaret de Nassau.109 personnes y ont été reçues, principalement en provenance d’Abaco où l’hôpital a été presque entièrement détruit par l’ouragan.
Les récits sont terribles, nous raconte le docteur Caroline Burnett Garraway. « Une personne a nagé durant plus de trois heures en luttant contre les inondations avant de pouvoir trouver un endroit stable et en sécurité. Une femme a vu son mari et son fils emportés par les eaux. »
De nombreux cas de déshydratation, polytraumatismes et membres cassés, ont été traités. L’hôpital principal de Nassau n’est pas débordé et ici la situation semble sous contrôle. Pour le docteur Burnett Garraway, Dorian est le pire ouragan qu’a connu l’archipel des Bahamas. « Nous avons traversé l’ouragan Matthew et Joaquin, mais celui-ci a été dévastateur, il est passé à Freeport en catégorie 5 durant tellement longtemps et, en fait, la deuxième et troisième ville du pays sont complètement détruites, nous n’avons jamais vu rien de tel, et nous nous attendons a un bilan plus lourd, nous sommes préparés au pire. »
Des patients ont quitté l'hôpital
Et parmi les évacués et blessés, nombreux sont ceux qui ont déjà quitté l’hôpital vendredi. Ils sont désormais hébergés dans un gymnase, où ils retrouvent parfois leur famille qui était dans l’attente depuis plusieurs jours de leurs proches.
Dans ces gymnases, les personnes sont en état de choc tout d’abord à cause des deux jours d’Ouragan, mais aussi à cause de toute cette semaine où ils ont vécu sans rien : sans eau sans électricité. À Nassau, ils sont en très faible état en déshérence. Ils se demandent ce qu’ils font là et ce qu’ils vont faire puisqu’ils n’ont plus rien.
Un trentenaire accueilli dans un gymnase évoque notamment son arrivée avec sa fille à 4 heures du matin. Il vient d’Abaco où il a tout perdu. La situation y devenait intenable notamment à cause des conditions sanitaires. Il raconte avoir vu sur son chemin vers le port des centaines de corps.
Dans les deux îles d’Abaco et Grand Bahama, plus au nord de l’archipel, les rescapés espèrent pouvoir partir au plus vite. Dès ce samedi, les liaisons aériennes seront rétablies entre ces deux îles et la capitale.
Et l’aide humanitaire, qui a mis du temps à s’organiser ici à Nassau, parvient dans les deuxième et la troisième plus grandes villes du pays. Et les Bahamas comptent à présent beaucoup sur les équipes d’aide internationale qui pourraient prêter main-forte. L’ONU estime que 70 000 personnes ont besoin d’une aide d’urgence sur les îles d’Abaco et Grand Bahama.