Mobilisation autour des victimes de disparitions forcées dans le monde

Ce 30 août, à l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, partout dans le monde des personnes se mobilisent contre cette atteinte aux droits de l'homme, qu'elle soit le fait d’États ou celui de groupes politiques ou mafieux. De nombreuses familles sont toujours démunies face à ces disparitions.

C'est suite à une réflexion engagée par l'ONU sur la recrudescence des enlèvements forcés dans de nombreux pays dans le monde que cette journée a été instaurée en 2011. Il s'agit d'apporter un soutien aux familles touchées par ce phénomène et de dénoncer les stratégies de terreur qu'il sous-tend. « Le sentiment d’insécurité résultant de cette pratique touche non seulement les proches de la personne disparue mais aussi leur communauté et l’ensemble de la société », rappelle le texte de l'ONU.

Presque 83 000 disparus en Colombie

En Colombie par exemple, de nombreuses mères se battent pour retrouver la trace de leurs enfants disparus lors des conflits armés. « Nous, les mères des personnes disparues, souffrons d'une douleur éternelle » ont écrit ces femmes qui se définissent comme des « chercheuses » et distribuent des messages aux passagers des bus de Cali, ville du sud-ouest de la Colombie. Pour attirer l'attention sur la profonde déchirure que provoque la disparition forcée, elles montent dans les bus, pancarte autour du cou, et distribuent leurs messages, raconte le correspondant de l'Agence France presse. Une campagne #ReconocemosSuBúsqueda a été lancée cette année.

Selon le Centre national colombien de mémoire historique, entité publique, au moins 82 998 personnes ont disparu de force entre 1958 et 2017, mais les responsables n'en sont connus que pour 52 % des cas. Un chiffre presque trois fois plus élevé que le bilan total des dictatures argentine, brésilienne et chilienne du XXe siècle.

L'accord de paix de 2016 signé avec la guérilla des FARC prévoyait la création d'une unité de recherche des personnes disparues (UBPD) qui a commencé ses investigations.

Marche pour les disparus au Mexique

Au Mexique, 40 000 personnes sont considérés comme victimes de disparition forcée. Plus de 26 000 corps non identifiés reposent toujours dans les morgues. Ces chiffres officiels terrifiants sont considérés par certaines associations comme loin de la réalité: celles-ci faisant monter le nombre à 200 000. Des chiffres qui d'ailleurs ne semblent pas baisser malgré les engagements du nouveau président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO). Ce 30 août, une grande marche est organisée dans les rues de Mexico pour exiger plus d'action du gouvernement.

►À écouter aussi : Au Mexique, Maria Marquez de Favela cherche son fils, disparu depuis 6 ans

Au Bangladesh, la FIDH se mobilise

Entre 2011 et 2018, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a enregistré et étudié plus de 500 cas de disparitions forcées dans ce pays. Delphine Carlens, porte-parole de la FIDH, présente le cas d’un opposant, enlevé le 5 décembre 2013, qui illustre le phénomène de disparitions forcées au Bangladesh. Ces enlèvements ciblent d’après l’organisation plus précisément les opposants politiques depuis 2011.

Les enlèvements de Boko Haram

En Afrique aussi. Autour du lac Tchad et du théâtre d’opération de l’organisation Boko Haram, les disparitions se multiplient aussi depuis dix ans. Il y a eu notamment celle très médiatisée des 276 jeunes lycéennes de Chibok au Nigeria en 2014. Mais plus globalement, le groupe armé s’est attaqué de nombreuses fois à des écoles et tous ces lieux qu’ils accusent de bafoués l’Islam. Dans le même temps, ces enlèvements de masse sont devenus un mode de recrutement pour Boko Haram. En avril 2018, Unicef estimait plus de 1 000 le nombre d’enfants enlevés au Nigeria.

et avec agences

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