Au Brésil, l'affrontement à distance entre Paris et Brasilia est largement commenté par les internautes. Par exemple ce tweet très repris du ministre de l'Éducation, Abraham Weintraub, qui parle d’Emmanuel Macron, actuellement pris en chasse par les partisans de Jair Bolsonaro, comme d’un « crétin opportuniste ».
Un internaute a partagé sur la page de M. Bolsonaro un montage montrant les deux couples présidentiels, avec ce commentaire : « Vous comprenez pourquoi Macron s'en prend à Bolsonaro ? » « Ne l'humilie, pas mec. Kkkkkkk (lol, ndlr) », a réagi le chef d'État du Brésil. Le couple Macron a très peu goûté.
Très actif également, et très repris chez les sympathisants de droite brésiliens : Olavo de Carvalho. Ce philosophe complotiste, qui exerce une forte influence sur le président d'extrême droite en poste à Brasilia, a créé un hashtag « Macrocon », rapporte notre correspondant à Rio, François Cardona.
En contrepoint, l'écrivain Paulo Coelho, l'un des auteurs les plus lus dans le monde, a demandé « mille fois pardon à la France ».
« o dia do fogo »
Mais la messagerie WhatsApp aurait aussi servi à l’organisation des incendies criminels. Le 10 août a traditionnellement lieu la « fête du feu » en Amazonie, « o dia do fogo ». Or, dans l’État du Para, des fermiers se seraient organisés via les groupes de discussion pour lancer de très nombreux départs de feu.
Ces informations ont été révélées par des médias brésiliens, et le procureur général de la République a admis qu’il y avait des suspicions d’action orchestrée. La police fédérale a lancé une enquête. Le 10 août, dans plusieurs zones du Para, on a enregistré une augmentation de 300 à 700% du nombre de départs de feu.
L'objectif est de brûler la forêt, déforester, pour ensuite racheter les terres à bas prix. Mais les incendies de début août auraient eu pour but aussi d’interpeller le président, pour obtenir l’ouverture de zones de forêt protégées. Ces agriculteurs et grands propriétaires terriens auraient planifié l’opération grâce à WhatsApp.
Selon plusieurs enquêtes parues dans la presse au Brésil, le gouvernement aurait été au courant plusieurs jours avant les faits de l'intention de ces propriétaires terriens, grâce aux messages observés sur des dizaines de groupes WhatsApp comptant des centaines de membres. Mais Brasilia n’aurait pas réagi.