Avec notre correspondant dans la région, Éric Samson
Pour le gérant de la Société nationale de minerie, pétrole et énergie, Pablo de la Flor, la suspension de la licence de construction de la mine de cuivre de Tia Maria est « un signe négatif qui compliquera les investissements dans le secteur ».
Ce polémique projet est rejeté depuis plus de dix ans par une bonne partie de la population locale. La tension montait depuis mi-juillet : les habitants de la province d’Islay avaient commencé par bloquer les routes principales puis un port local.
Ils ont freiné quelque 330 millions d’euros d’exportations de quatre mines de cuivre locales. Les agriculteurs craignent que la future mine à ciel ouvert assêche et contamine les réserves d’eau de la vallée de Tambo.
Des manifestations exprimant les mêmes craintes avaient provoqué la mort de six personnes et des centaines de blessés en 2011 et 2015.
Un dilemne pour le gouvernement et le président Martin Vizcarra
Pourtant, Southern Copper, filiale de la principale compagnie productrice de cuivre du Mexique, affirme que les ressources hydrauliques de la région seront protégées grâce à l’usage d’eau de mer dessalée, d’une ligne de train dédiée et d’une voie d’accès éloignée.
Mais dans un pays où la pollution minière est massive, ces promesses n’ont pas convaincu et, face au blocage, le ministre de l’Énergie et des Mines Francisco Ismodes a préféré suspendre la licence de construction pendant 120 jours.
Objectif : permettre une reprise du dialogue. Aujourd’hui, le gouvernement est embarrassé. Tía María représentait un investissement de 1,2 milliard d’euros, mais c’est aussi un risque politique potentiel.
En 2015, ce sont les manifestations contre ce projet qui avaient provoqué une forte baisse de la popularité du président de l’époque, Ollanta Humala. En septembre 2015, le gouvernement avait déclaré l'état d'urgence dans six départements du sud du pays après des affrontements meurtriers entre la population locale et les forces de l'ordre autour de ce projet minier.
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