États-Unis: la Floride vote pour armer les enseignants face aux tueries

Le Parlement local de Floride a adopté, mercredi 1er mai, la mesure controversée permettant d’armer les enseignants, une idée relancée par Donald Trump après la tuerie de Parkland en février 2018. Voté à une large majorité, le texte devrait être rapidement promulgué par le gouverneur républicain.

Le principe de ce programme, baptisé Gardian et lancé au lendemain de la tuerie du lycée de Parkland qui avait laissé 17 victimes, peut sembler paradoxal, mais les partisans des armes à feu aux États-Unis en ont fait leur mantra, à commencer par Donald Trump : mettre plus d’armes en milieu scolaire pour empêcher de nouvelles tueries.

Adopté par environ un tiers des écoles de Floride depuis un an, le programme autorise le personnel administratif à porter une arme dans les établissements… à l’exception jusqu’ici des professeurs. Une fois promulguée par le gouverneur, cette nouvelle loi va désormais élargir ce droit de port d’arme aux professeurs jusque dans leurs classes. Ce après une formation de 144 heures et sur la base du volontariat.

De débats intenses entre parlementaires de Floride

La loi a été adoptée à une large majorité par les parlementaires de Floride, mais les débats, qui ont duré pendant deux jours, ont été particulièrement houleux. L’un des démocrates, vent debout contre cette mesure, a terminé en larmes. « Que se passera-t-il si un professeur se sent menacé face à ses élèves », a demandé un député en évoquant le risque de bavures liées à des préjugés raciaux.

L’une de ses collègues démocrates a rappelé de son côté l’incident qui s’est déroulé cette semaine dans un lycée de Floride : un surveillant armé a laissé partir par accident un coup de feu en pleine cafeteria, alors qu’il déchargeait son pistolet, heureusement sans faire de blessés.

En face, le chef de la majorité républicaine au Sénat de Floride a martelé son argument massue pour justifier cette législation : « Lorsque les forces de l’ordre ne peuvent arriver à temps pour sauver les gens, j’espère qu’il y aura toujours quelqu’un dans la pièce pour le faire », a-t-il défendu. Soit un argument identique à celui utilisé par Donald Trump juste après la tuerie de Parkland pour demander que surveillants et professeurs soient armés. Et pourtant ce jour-là, un gardien armé était bien présent dans le lycée situé dans ce même État de Floride. Mais pétrifié par la peur, il n’était pas intervenu pour empêcher le massacre.

Les rescapés de la tuerie de Parkland avaient réussi à lancer un débat sur le port d’armes

Parmi les plus virulents opposants à l’armement des professeurs dans les classes, on retrouve les rescapés du lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland. En 2018, ils avaient organisé la « Marche pour nos vies » un mois après la tuerie en 2018 et avaient réussi à lancer un débat national sur les armes, demandant un meilleur contrôle aux États-Unis. Ils ont également fait la Une du magazine Time.

Un an après, tous disent leur consternation. Parmi eux, Emma Gonzalez : sur Twitter, où elle compte plus de 1,6 million d’abonnés, la plus célèbre survivante de Parkland crie son rejet de cette loi autorisant les professeurs à venir armés dans les classes : « Écoutez les gens qui sont affectés, les parlementaires ne savent pas ce qu’ils nous font ».

« Armer les professeurs fait beaucoup plus de mal que de bien, renchérit de son côté le compte de la "Marche pour nos vies". Nos parlementaires devraient écouter les étudiants, non pas la NRA », de l’acronyme du puissant lobby des armes. Celui-ci finance de nombreux élus en Floride, l’un des États les plus permissifs en matière de législation sur les armes aux États-Unis.

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