Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
À 14 heures sur le quai de la station Miranda, de nombreux employés de bureau transitent. Puisque la journée de travail a été écourtée à cause du rationnement électrique, c’est censé être l’heure de pointe, mais il n’y a pas grand monde.
Selon Lusmarida, beaucoup de personnes craignent d’être bloquées dans le métro par une coupure de courant. « Moi j’y vais la peur au ventre, dit-elle. Je vais rentrer dans la rame en priant Dieu pour arriver là où je veux aller. »
Le risque est grand, car elle habite loin, à une heure de métro. Mais elle ne peut pas se permettre de prendre un minibus. « Avec les problèmes de métro, les chauffeurs abusent : ils en profitent pour faire payer beaucoup trop cher. »
Erika en a fait l’amère expérience la veille, avant que le métro ne rouvre. La jeune femme travaille dans une banque du quartier, mais vit à l’autre bout de la ville comme de nombreux collègues. « On a été obligé de prendre le minibus, de payer beaucoup plus cher, raconte-t-elle. Le trajet a été beaucoup plus long et il fallait se battre avec les gens pour entrer dans le bus. C’est bien plus rapide en métro. »
Nicolas, 55 ans, n’en avait pas les moyens : il a dû marcher trois heures dans chaque sens avant de rentrer chez lui, épuisé. « Je n’ai pas eu le choix. Si la situation ne s’améliore pas, on ne pourra plus tenir, parce que tout va mal. »
Heureusement pour lui, le métro le ramènera cette fois-ci sans accrocs. Un bien maigre soulagement face aux difficultés qui s’annoncent dans les jours à venir.