« Je suis heureux d'annoncer que les Etats-Unis ont fait des progrès significatifs sur des problèmes structurels importants comme la protection de la propriété intellectuelle, les transferts de technologies, l'agriculture, les services, les changes et de nombreux autres sujets », a tweeté le numéro un américain dimanche 24 février 2019, pour justifier le report de la hausse des droits de douane sur plus de 200 milliards de dollars d’exportations chinoises, prévue le 1er mars.
Pékin a réagi à cette main tendue. L'agence officielle Chine nouvelle fait état, dans des termes identiques à ceux de Donald Trump, de « progrès significatifs », énumérant les mêmes domaines que lui. Mais ce n’est pas encore l’armistice dans la guerre commerciale. C'est plutôt la prolongation d’une trêve négociée en décembre entre les deux pays en marge du sommet du G20 en Argentine, estime notre correspondante auprès de l'ONU à New York, Marie Bourreau.
Depuis une semaine, les négociateurs des deux pays se rencontraient à Washington pour aboutir à un accord. Mais peu de détails ont filtré sur les discussions. Les négociations portent notamment sur l’agriculture, le taux de change et le transfert de technologies. Le président américain, attaché au principe d'un rééquilibrage de la balance commerciale entre les deux pays, n'a d'ailleurs pas précisé quelle serait la durée de ce nouveau délai de grâce accordé à Pékin.
En revanche, Donald Trump évoque la possibilité d’une rencontre en mars dans sa résidence d’hiver de Mar-e-Lago, en Floride, pour sceller un accord avec son homologue chinois Xi Jinping. Dimanche soir, lors d'un discours devant les gouverneurs des Etats américains, il a annoncé, « si tout va bien », « de très grandes nouvelles dans la semaine qui s'ouvre ou la suivante ». Le chef d'Etat se dit « très proche » du « plus grand accord commercial jamais conclu ».
Les Bourses chinoises réagissent
Vendredi, rappelle l'Agence France-Presse, le président américain a reçu Liu He. Le négociateur en chef de Pékin lui a remis une lettre du numéro un chinois, dans laquelle Xi Jinping dit espérer que les discussions se poursuivront dans le « respect mutuel », la « coopération », et dans un esprit « gagnant-gagnant », afin d'aboutir à un accord « mutuellement bénéfique ». Ce lundi en revanche, Pékin ne se prononce pas encore sur une possible rencontre.
« Ce n'est à l'évidence pas la fin de la négociation, encore moins des tensions », analyse Louis Kuijs, spécialiste de l'Asie au cabinet Oxford Economics, dans une note écrite. S'accorder sur la vérification des engagements de Pékin sera difficile, prévient-il. « Les tensions en matière de technologie, à l'égard de la politique industrielle de la Chine et, plus généralement, de son émergence ne s'apaiseront pas dans un avenir prévisible », estime l'économiste.
C'est en fait Donald Trump qui assure lui-même la médiatisation de ces discussions, constate l'AFP. Un optimisme qui pourrait notamment permettre au président américain de soutenir les marchés boursiers dans le monde entier. Les places boursières de Chine continentale ont fortement progressé ce lundi : Shanghai et Shenzhen ont gagné plus de 5%. Toutes deux avaient pâti, fin 2018, de l'offensive lancée par les Etats-Unis sur les importations chinoises.