Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
Devant le ministère des Transports publics, c’est finalement un rassemblement pro-Maduro qui se tient. Une scène a été installée pendant la nuit ainsi que deux camions pour bloquer l’avenue où devaient se réunir des partisans de Juan Guaido.
« Des traîtres », selon Michel Mambel, secrétaire général de la fédération unifiée des transports. « Ce sont des messieurs qui, historiquement, ont été payés pour trahir leur peuple. Ils touchent des dollars pour participer aux activités de l’opposition », dit-il.
Une vieille dame sort du métro, elle semble perdue. « Je suis venue pour voir Guaido, je pensais que c’était ici. Mais ici ce sont les transporteurs de Maduro. Hors de question que je reste là », lance-t-elle.
Quelques rues plus loin, les transporteurs qui soutiennent l’opposition ont finalement bloqué l’avenue au pied de la plaza Altamira. Marcelo Morel avoue ne pas être étonné par le blocage chaviste. « C’est typique du gouvernement : ils ont organisé un événement parallèle pour saboter le nôtre », souligne-t-il.
S’il est là, c’est parce que son travail est très fortement affecté par la crise économique. « C’est difficile de trouver des pièces automobiles, de trouver des pneus. C’est devenu plus simple de trouver de la drogue dans ce pays », dit-il.
Tous ces hommes sont également volontaires pour aider à distribuer l’aide humanitaire. Selon l’organisateur José Luis Montoya, ils se rassemblent aussi pour offrir leurs services. « Dans chaque Etat, il y a des transports publics, dit-il. Donc on réfléchit à une stratégie pour pouvoir utiliser nos véhicules et atteindre certains points de la frontière, pour que partout nos collègues se mobilisent. »
Cela ne répond toujours pas à la question que tout le monde se pose depuis plus d’une semaine : l’armée va-t-elle les laisser faire ? Pour l’instant, elle reste fidèle à Nicolas Maduro.