Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a appelé jeudi l'Organisation des Etats américains (OEA) à reconnaître Juan Guaido comme « président par intérim du Venezuela », comme les Etats-Unis et plusieurs pays membres de cette institution l'ont déjà fait la veille. Il a également mis en garde le « régime illégitime » de Nicolas Maduro contre « toute décision d'utiliser la violence pour réprimer la transition démocratique pacifique », demandant aux forces de sécurité vénézuéliennes de « protéger » Juan Guaido.
Donald Trump reconnaît Juan Guaido comme le « président par intérim » du Venezuela. Annonce faite mercredi 23 janvier 2019 par un communiqué de la Maison Blanche. Aussi officiel qu’inhabituel, le texte de la présidence américaine a été diffusé peu après l’autoproclamation du jeune opposant contre Nicolas Maduro, rapporte notre correspondant aux Etats-Unis, Eric de Salve.
« Je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale Juan Guaido comme président du Venezuela. » Une déclaration écrite de Donald Trump, qui appelle tous les pays occidentaux à faire de même.
Selon le président américain, cette Assemblée, contrôlée par l’opposition depuis 2015 et en concurrence avec une Constituante pro-chaviste depuis 2017, « est la seule branche légitime du gouvernement élue par le peuple ».
Donald Trump salue d’ailleurs la décision de déclarer Nicolas Maduro illégitime. « Décision qui rend vacant le bureau du président », écrit-il. Les Vénézuéliens « souffrent depuis trop longtemps », déplore le numéro un américain.
« Je continuerai d'utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne », peut-on lire dans le communiqué de la Maison Blanche.
Les Etats-Unis iront-ils jusqu’à un éventuel soutien militaire, menace déjà brandie par le passé par le président ? « Nous n’avons rien prévu, répond Donald Trump, mais toutes les options sont sur la table. »
De son côté, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, appelle l’armée vénézuélienne à protéger la démocratie et la population civile. Et le vice-président Pence appelle, lui, sur Twitter à restaurer la libertad.
La réponse de Caracas a aussitôt fusé. Le Venezuela rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Nicolas Maduro a donné 72 heures aux diplomates américains pour quitter le pays.
Moscou dénonce « une ingérence étrangère »
C’est un soutien clair et net qui est apporté par la Russie à Nicolas Maduro, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot. Pour le porte-parole du Kremlin, Nicolas Maduro est le « président légitime » du Venezuela, « les tentatives pour usurper le pouvoir dans son pays sont contraires à la loi internationale », ajoute Dmiti Peskov. Même son de cloche au ministère russe des Affaires étrangères : cette crise pourrait conduire directement au « chaos et à la destruction de l’Etat vénézuélien », peut-on lire dans un communiqué publié ce jeudi 24 janvier au matin sur le site internet du ministère.
Le président russe Vladimir Poutine a exprimé son « soutien », dans un entretien téléphonique, à son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, a annoncé ce jeudi en fin de journée le Kremlin dans un communiqué. Au cours de cette conversation, M. Poutine « a exprimé son soutien aux autorités légitimes du Venezuela dans les conditions de l'aggravation d'une crise politique, provoquée de l'extérieur », précise le Kremlin.
Ce soutien de la Russie à Nicolas Maduro n’est pas vraiment une surprise. Vladimir Poutine est devenu ces dernières années un allié important, indéfectible du président vénézuelien. Nicolas Maduro s’était d’ailleurs rendu à Moscou en décembre dernier. A la suite de ce déplacement, la coopération économique et militaire entre les deux pays s’était encore resserrée. En témoignent ces manœuvres militaires auxquelles deux bombardiers stratégiques russes avaient participé à la fin de l’année dernière. Des manœuvres qui avaient d’ailleurs, à l’époque, suscité la colère des Etats-Unis.