Colombie: l'ELN réclame des garanties pour le retour de ses négociateurs

La guérilla de l'ELN a réclamé lundi 21 janvier des garanties de la part des autorités colombiennes pour le retour dans deux semaines en Colombie de ses négociateurs. Cette délégation se trouve à Cuba pour des pourparlers de paix rompus après l'attentat mortel de Bogota.

L'ELN (Armée de libération nationale) a revendiqué et justifié l’attaque à la voiture piégée qui a tué 20 personnes et en a blessé 68 autres jeudi dans une école de police de la capitale, tout en prônant la reprise d'un dialogue au point mort depuis août.

« Nous espérons que le gouvernement donnera des garanties pour le retour » de cette délégation de dix hommes, a déclaré Pablo Beltran, chef négociateur de la guérilla guévariste, dans un entretien exclusif à l'AFP à La Havane. Cet appel intervient alors que le président Ivan Duque a enterré vendredi le dialogue de paix avec l'ELN, déjà suspendu depuis plusieurs mois, en réactivant les mandats d'arrêts visant les négociateurs de la guérilla, au lendemain de l'attentat.

Cuba, garant et siège des pourparlers, a réagi en condamnant l'attaque et en assurant qu'il respecterait le protocole prévu en cas de rupture du dialogue. Ce dernier prévoit le retour de la délégation en Colombie d'ici 15 jours, soit d'ici au 2 février.

Concernant l'attentat, Pablo Beltran a assuré que son groupe armé n'avait fait que répliquer à des « attaques » du gouvernement. « Personne ne peut nous demander de rester les bras croisés si on nous attaque. Depuis l'arrivée du gouvernement de Duque, nous avons reçu beaucoup d'attaques », a-t-il avancé.

Réponse à des actions militaires

Lundi matin dans un communiqué, l'ELN avait revendiqué l'attentat commis avec une camionnette chargée d'explosif, l'estimant « licite dans le cadre du droit de la guerre, il n'y a eu aucune victime non combattante ». Selon elle, l'attentat est une réponse à des actions militaires menées par le gouvernement pendant le cessez-le-feu unilatéral que l'ELN avait déclaré pour Noël et la fin de l'année.

« Le président n'a pas accordé la dimension nécessaire à ce geste de paix » et « sa réponse a été de mener des attaques militaires contre nous, sur tout le territoire national », dit le groupe guévariste. Il propose la conclusion d'un cessez-le-feu bilatéral « pour créer un climat favorable aux efforts de paix » et se déclare disposée « à ce que soient respectées des zones déterminées et des installations militaires gouvernementales », ainsi que des installations de l'ELN, afin de faciliter le dialogue.

Pablo Beltran a toutefois affirmé que ni le Comité central de la guérilla, ni la délégation présente à La Havane depuis mai 2018 n'étaient au courant de ce projet d'attentat. « Non, bien sûr. Nous sommes à Cuba depuis huit mois. Les plans de nos fronts en Colombie ne sont pas de notre ressort », a-t-il déclaré.

(avec AFP)

Partager :