Avec notre correspondant à Lima, Eric Samson
Le retrait de Pedro Chavarry a été accepté à l'unanimité. Dans sa lettre de démission, ce dernier s'est donné le beau rôle. Il affirme vouloir protéger l'autonomie du parquet menacée, selon lui, par un projet de loi présidentiel permettant la révocation de tous les procureurs et leur remplacement par leurs suppléants.
Ses collègues, le gouvernement et de nombreux secteurs de la société civile lui reprochent en fait d'avoir voulu saboter l'enquête sur la corruption de l'entreprise de travaux publics brésilienne Odebrecht. Cette enquête compromet potentiellement quatre anciens présidents de la République, une ex-première dame et la leader de l'opposition Keiko Fujimori.
Chavarry est également soupçonné d'avoir des liens avec l'organisation dite des « Cols blancs du port », un groupe de juges corrompus de très haut niveau.
Le départ de Chavarry n'est pas exempt de polémique : l'une de ses assistantes a été vue en train de forcer les scellés d'un bureau du parquet avec l'aide de plusieurs policiers. Elle affirme être repartie avec des caisses de documents personnels, mais le doute subsiste. L'ex-procureur général a de surcroît décidé de se maintenir comme procureur du parquet alors qu'il vient d'être suspendu pour quatre mois par l'Ordre péruvien des avocats.
Cette démission longuement attendue pourrait être le début de changements plus profonds, selon Lissell Quiroz, maître de conférence à l'université de Rouen :
Depuis le scandale Odebrecht, qui a impliqué de hautes personnalités péruviennes, le peuple exprime son ras-le-bol dans la rue, et c'est cette mobilisation populaire qui a poussé à la démission longuement attendue de Pedro Chavarry, explique la spécialiste :
→(Re)lire: Pérou: les manifestants demandent la démission du procureur général Chavarry