Nicaragua: une télé d'opposition empêchée d'émettre et son directeur arrêté

La police du Nicaragua a fait cesser la diffusion de la chaîne de télévision d'opposition 100% Noticias et arrêté son directeur Miguel Mora, ont dénoncé des journalistes de ce média ce vendredi 21 décembre.

La responsable de la presse de la chaîne, Lucia Pineda, a annoncé l’intervention des policiers anti-émeutes dans un message sur Whatsapp. La journaliste se trouvait sur place au moment des faits et a témoigné de l'opération en direct, sur Facebook

« Il y a forces anti-émeutes qui veulent entrer dans le siège de 100% Noticias. Ils sont aussi présents dans le quartier. Je lance un appel d'urgence à la population. Il y a aussi des paramilitaires qui se trouvent actuellement au 2e étage de l'immeuble. »

La journaliste n’a pas pu être jointe ensuite, ont affirmé d’autres employés. Le directeur Miguel Mora a été arrêté et est accusé de « terrorisme ». La police a fermé une portion de l’avenue Bolivar, dans le centre historique de Managua où se trouvent les locaux de la chaîne, et empêché l’accès aux bureaux. Les autorités n’ont pas fait de commentaire sur l’intervention.

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Certains journalistes de la chaine avaient déjà été malmenés par les forces de l'ordre, lors qu'ils avaient couvert, ces derniers mois, les manifestations anti-Ortega. Quelques heures avant l'arrestation de son directeur, la chaine diffusait la publication d'un rapport de l'Organisation des Etats Américains, dénonçant justement la répression des manifestations par les autorités. Dans ce rapport, le président Daniel Ortega est accusé d'avoir commis des crimes contre l'humanité. Le gouvernement a retiré à la chaine sa licence d'émission, faisant taire une voix critique à son encontre.

La chaîne déjà censurée durant 6 jours

Le gouvernement nicaraguayen s’en est pris aux médias indépendants dès le début des manifestations contre le président Daniel Ortega, le 18 avril dernier. Journalistes et médias d’opposition dénoncent les arrestations, le harcèlement et les menaces du pouvoir qui se fait de plus en plus pressant.

La chaîne 100 % Noticias avait déjà été censurée pendant 6 jours après le déclenchement du mouvement de protestation, auquel elle accorde une large couverture. Miguel Mora avait été accusé début décembre d’« incitation à la haine et à la violence ». Il expliquait début décembre :  « C'est une accusation parmi des centaines [...] On m'accuse de tout, on me dénonce pour tout [...] le but c'est de nous faire taire, que nous mettions à l'antenne des clips de musique, que nous quittions le pays. On menace de m'emprisonner, de me tuer. »

Il y a une semaine, la police a mis à sac puis occupé les locaux du site internet d’information Confidencial dirigé par le journaliste Carlos Fernando Chamorro, critique virulent du régime.

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