S’il est acquis que les électeurs républicains et démocrates soutiendront leur candidat respectif, le vote des « indépendants », lui, constitue une véritable « inconnue », pointe Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l'Ifri et auteure de Les Etats-Unis en 100 questions aux éditions Tallandier.
« En fait, il y a un électorat populiste et conservateur côté républicain, qui est extrêmement mobilisé en faveur de Trump. Et à l’inverse, il y a un électorat démocrate, féminin notamment, qui est galvanisé contre Trump pour cette élection », précise la chercheure. « Mais chacun de ces deux groupes doit représenter peut-être 30-35% d’électorat et au milieu, il y a un marais indépendant. Et la question, c’est de savoir comment ils vont voter. »
Au-delà de savoir en faveur de qui ces électeurs vont se prononcer, il n’est même pas certain qu’ils aillent voter, alerte Laurence Nardon. « A chaque fois, les élections de mi-mandat - donc entre deux élections présidentielles - montrent une moindre mobilisation de l’électorat et une abstention beaucoup plus forte, parce qu’il n’y a pas de mobilisation pour un candidat présidentiel, donc les gens ne vont pas voter. Et donc principalement, ce sont les indépendants qui ne vont pas voter et c’est très difficile de savoir comment ils vont départager leur vote sur les questions de migration, de santé ou d’économie. »
Le vote féminin
Mais il n’y a pas que le vote des indépendants qui pose question. Il y a aussi celui des femmes, très mobilisées pour ces élections, à la fois en tant que candidates, mais aussi en tant qu'électrices qui se positionnent pour ou contre Donald Trump.
Portées par le mouvement #MeToo ou divisées par le douloureux processus de confirmation à la Cour suprême du juge Kavanaugh, les électrices joueront un rôle crucial lors du scrutin de mardi, « parce que les femmes, d’abord, votent plus », souligne la responsable du programme Amérique du Nord de l'Ifri. « C’est quelque chose qui est remarqué dans les sondages de sortie des urnes à chaque fois. »
Des femmes qui, « dans leur ensemble », votent « plus démocrate que républicain », et en particulier les femmes des minorités. Et cela pour deux raisons simples, selon Laurence Nardon : « Parce qu’elles sont femmes et parce qu’elles sont issues des minorités. »
Les électrices blanches
Mais si « c’est un plus pour le Parti démocrate », tout n’est pas joué. Car « la question, en fait, c’est le vote des femmes blanches », précise l’auteure du livre Les Etats-Unis en 100 questions aux éditions Tallandier. « Les femmes blanches ne votent pas nécessairement démocrate, puisque certes elles sont femmes, mais les Blancs votent plutôt républicain aux Etats-Unis, et donc elles sont au croisement de ces deux réflexes électoraux. »
Laurence Nardon estime que cela dépendra surtout du niveau d’éducation et du milieu social des électrices. « Ce que l’on voit dans les sondages, ce qu’on va pouvoir vérifier en vrai mardi, c’est que les femmes blanches diplômées vont plutôt voter démocrate parce qu’elles détestent Trump. Les femmes blanches non diplômées sont plutôt populistes et sont plutôt acquises, au contraire, à la personne de Trump et donc risquent de voter républicain. »