Avec notre envoyée spéciale à Pittsburgh, Anne Corpet
Tous sont debout la main sur le cœur pour chanter l’hymne américain. Dehors sous la pluie et à l’intérieur dans une immense salle, des milliers de personnes sont venues rendre hommage aux onze victimes de l’attaque de la synagogue Tree of Life à Pittsburgh. Le ministre israélien de l’Education et de la diaspora a fait le déplacement depuis Jérusalem.
« Aujourd’hui nous nous tenons dans l’ombre de la mort, dans l’ombre du diable, dans l’ombre d’une attaque lâche, terroriste contre des juifs qui étaient à la synagogue pour prier, déplore Naftali Bennett. C’est l’attaque antisémite la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis. »
Des représentants de toutes les religions s’expriment tour à tour pour dénoncer la haine, et plaider pour l’unité. Combattif, le maire de Pittsburgh lance : « Nous bouterons l’antisémitisme hors de cette ville », avant d'évoquer le débat sur les armes à feu. « Nous éradiquerons toute manifestation de haine dans cette ville et nous travaillerons en faveur de lois de bon sens pour stopper ce type de violence et nous le ferons pas seulement parce que nous sommes Pittsburgh, mais parce que nous sommes unis », ajoute-t-il.
Dans la foule dehors, quelques pancartes surgissent au-dessus des parapluies sur lesquelles on peut lire « le 6 novembre, votez contre la haine ».
« Personne n’a besoin d’arme automatique »
Tout l’après-midi, les habitants de la ville sont venus déposer des fleurs et se recueillir devant la synagogue, un bâtiment moderne, en béton, situé dans un quartier sans histoire de Pittsburgh.
Evan Rosenfeld est debout immobile sous la pluie derrière le camion régie d’une télévision, les larmes aux yeux. « C’est ma synagogue, dit-il. J’ai fait ma barmitzva ici, j’ai été confirmé ici. On ne s’attendait pas à ça à Pittsburgh, mais c’est la réalité et je reviendrai prier ici. Je serai ici vendredi soir, c’est ma synagogue. »
Eric Lash se tient lui aussi debout sous la pluie. Il habite juste à côté de la synagogue. « C’est un triste jour, c’est une tragédie qui nous enlève notre innocence, notre confiance. On vit à une époque où il y a beaucoup de divisions et je pense que nos politiciens se nourrissent de ces divisions. Et j’aimerais qu’on en finisse avec ces conflits. »
Mike O'Feel a seize ans, il est venu avec deux amis. « Je suis sans voix, tuerie après tuerie, il faut que ça s’arrête, lance le jeune homme. Personne n’a besoin d’arme automatique, on devrait pouvoir prier en sécurité, ne pas avoir peur de se faire tirer dessus à l’école ou dans la rue, n’importe où. Il faut du changement. »
Un peu plus loin à l’arrière de sa camionnette, un homme achève de visser des cœurs sur onze étoiles de David en bois. Chacune porte le nom d’une des victimes de la tuerie.