A la Une: incertitude autour de l’audition du juge Kavanaugh

C’est « un nouvel épisode dans la tragédie qui se joue autour de la confirmation de Kavanaugh », écrit le New York Times. Le candidat de Donald Trump à la Cour suprême doit normalement être entendu lundi, à sa demande, par la Commission du Sénat chargée de le confirmer à ce poste, au sujet des accusations d’une universitaire. Cette dernière soutient avoir été victime d’une agression sexuelle dans les années 1980. Mais finalement, elle refuse d’être entendue par les sénateurs, elle aussi lundi, et demande au préalable l’ouverture d’une enquête du FBI.

Les démocrates se disent en faveur d’un report de l’audition, mais pas les républicains, explique le New York Times. Ils ont fait savoir « qu’ils avaient donné une chance à cette femme de s’exprimer » et « qu’ils procéderaient à l’audience sans elle ou qu’ils la déclareraient inutile si elle refuse de comparaître, puis qu’ils procéderaient peut-être à un vote ». En jeu : la confirmation de Brett Kavanaugh avant les élections de mi-mandat dans quelques semaines !

Sinistrés deux fois en deux ans

Toujours aux Etats-Unis, la presse affiche en Une des photos de quartiers entiers toujours inondés en Caroline du Nord et en Caroline du Sud après le passage de Florence. Le président Trump est attendu sur place ce mercredi. Le New York Times raconte le désespoir des familles touchées. Il s’agit le plus souvent de personnes défavorisées qui avaient déjà subi le passage de Matthew il y a deux ans. Le journal donne par exemple la parole à Bobby Barnes qui vit dans le comté de Sampson, en Caroline du Nord, bien à l’intérieur des terres. A l’époque, il avait dépensé 90 000 dollars pour remettre sa maison en état et la protéger des futures crues, en suivant les recommandations de l’Etat fédéral. L’assurance n’avait couvert qu’un peu plus d’un quart de ses dépenses.

Mais cela n’a pas suffi. Deux ans plus tard, « c’est reparti, se confie-t-ildans les colonnes du journal new-yorkais. Le même cauchemar ». « Cauchemar » : le terme est également en Une du Chicago Tribune, qui raconte les longues files d’attente dans les refuges pour sinistrés. Le New York Times explique que les résidents des deux Etats se font progressivement à l’idée que Matthew n’était pas l’ouragan du millénaire, mais que leurs terres sont devenues des terres à ouragans.

Bureaucratie Vs ouragans à répétition

« Nous savons ce qu’il faut faire, mais nous avons besoin d’aide »fédérale, déclare le maire de Pembroke, une petite ville de Caroline du Nord au Washington Post. Chez lui, il faudrait,« nettoyer les marécages, les canaux des arbres qui sont tombés, des débris de Matthew et des ouragans passés, ce qui permettrait aux eaux pluviales de s’écouler plus rapidement hors des quartiers ». Mais le maire soutient qu’il n’a pas réussi à convaincre l’armée américaine de participer à ces travaux et que « sa ville de 3 000 habitants, où 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, n’a pas les ressources nécessaires pour ce genre d’entreprise ».

D’autres communautés attendent toujours la construction d’une écluse ou d’un barrage promis après le passage de Matthew. Les permis de construire sont toujours en attente et parfois le financement fédéral vient tout juste d’arriver. Bref, conclut le Washington Post, « le rythme rapide des récentes catastrophes naturelles a largement dépassé celui des bureaucraties gouvernementales ».

Mexico et Oaxaca : un an après les séismes

Un peu plus au sud, Mexico se souvient du séisme qui l’a frappée il y a tout juste un an. « Il y a toujours des sinistrés et la reconstruction n’est pas terminée », reconnait La Prensa en une. Le journal publie une photo d’un immeuble toujours éventré dans le centre-ville, mais souligne aussi ce qui semble être la plus grande réussite des autorités : quasiment tous les enfants dont les écoles avaient été endommagées ont pu retourner en cours.

« Il y a un an », titre sobrement un éditorialiste de La Razon : « On se souvient tous où nous étions à ce moment-là ». Ce sont « des faits, poursuit-il, qui restent dans nos mémoires et dans nos cauchemars ». Il souligne aussi la réaction citoyenne, qualifiée d’« impressionnante, solidaire, émouvante et exemplaire ». « Nous avons appris à réagir face à l’adversité. Nous savons quoi faire, et si ce n’est pas le cas, nous apprenons vite, ces actions et cette capacité d’organisation nous ont rendus dignes ».

Une autre éditorialiste de La Razon se rappelle du séisme qui avait frappé quelques jours plus tôt dans la région de Oaxaca, le 7 septembre 2017. Là-bas, explique-t-elle, « au moins 5200 personnes n’ont reçu aucune aide financière pour reconstruire leur habitation » et la « reconstruction prévue de 3 000 autres maisons n’a même pas encore commencé ». Et l’éditorialiste de La Razon de conclure : « aujourd’hui tout le monde parle du terrible séisme de Mexico et évidemment il faut parler de ces victimes, mais il ne faut pas oublier ceux qui vivent dans des régions beaucoup plus pauvres et éloignées, et pour qui il sera pratiquement impossible de se redresser sans aide ».

Mexique : trop de morts à la morgue

On reste au Mexique, où l’Etat de Jalisco ne sait plus quoi faire de ses morts. L’affaire de ce camion frigorifique rempli de cadavres non réclamés est en une du site d’Excelsior : 157 corps, en attente d’identification ou d’incinération, ont été placés dans un camion garé dans des communes de l’Etat de Jalisco, jusqu’à ce que le voisinage se plaigne de l’odeur et des mouches. Comment en est-on arrivé là ? L’Institut médico-légal local « n’a pas les moyens de prendre en charge tous ces corps », explique l’un de ses anciens directeurs. La capacité de la morgue est largement dépassée en raison de l’augmentation de la violence, liée notamment au crime organisé.

El Universal raconte, avec beaucoup d’humour noir, la quête sans fin d’un lieu pour entreposer ces corps. L’Institut a d’abord « loué une épicerie », mais la maire de la commune s’en est plaint. C’est ensuite qu’est venue l’idée du camion réfrigéré. Mais où le garer ? On a d’abord pensé au parking du ministère public de l’Etat de Jalisco, mais le camion était trop gros. Une seule solution : couper l’aile du camion. Mais là, il a commencé à pleuvoir. Bref, on vous passe quelques épisodes, mais le camion a finalement échoué au bord d’une route. « La ville de Guadalajara a enregistré 600 homicides depuis le début de l’année, commente l’éditorialiste d’El Universal. Cette marée de violence a dépassé l’organe médico-légal de l’Etat. Personne n’avait prévu cela. [...] Et aujourd’hui 157 cadavres sont contraints de se balader de ville en ville pour trouver un coin où se mettre ». Pour le journaliste, ce camion est tout simplement une « métaphore du Mexique ».

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