Avec notre envoyé spécial à Détroit, Eric de Salve
Ils défilent par milliers, les uns après les autres, dans le recueillement, devant le majestueux cercueil doré dans lequel repose la chanteuse américaine Aretha Franklin, habillée d'une longue robe argentée.
Un hommage presque personnel de sa ville, Detroit, et de sa communauté noire américaine. « Aretha, c’est la bande originale de ma vie », confie une dame qui vient de faire quatre heures de route pour se recueillir.
Devant le cercueil, entouré de fleurs, beaucoup d’émotion évidement. Comme si ces anonymes venaient dire au revoir à un membre de leur famille. « Aretha est comme une tante pour moi », explique une habitante.
« Ce n'est pas un jour triste, c'est un jour heureux ! »
Pour ce dernier hommage, Diane, très émue, se souvient de la militante féministe qu'était la reine de la soul : « Elle s'est dressée pour les femmes et cette chanson, Respect, est presque devenu l'hymne des femmes. »
« C'était magnifique. Et cet hommage est magnifique. Et à l'intérieur même dans ce cercueil, elle est juste magnifique », conclut Diane, tout juste sortie de l'African American Museum de sa ville de Detroit.
A l’extérieur du musée, dans l’immense file des admirateurs en attente, ambiance plutôt inhabituelle pour une cérémonie funèbre. De grands haut-parleurs diffusent à fond les chansons d'Aretha Franklin.
Les gens chantent, dansent... Ils rient. « Ce n'est pas un jour triste, c'est un jour heureux ! Nous avons aimé ses chansons pendant des années. Et toutes les bonnes choses ont une fin, mais sa musique ne s'éteindra jamais », confie cet homme. « Nous honorons une reine, une icône. Elle est la meilleure au monde et elle est de Detroit », s'enthousiasme cette femme.
Bill Clinton devrait prononcer un discours lors de la cérémonie
Avant d'accéder au cercueil, la foule passe devant une Cadillac rose, la voiture d'Aretha Franklin et le long corbillard blanc qui la conduira vendredi 31 août vers sa dernière demeure.
Cette exposition publique est un honneur que la « Motor City » avait déjà réservé en 2005 à Rosa Parks, grande figure de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Ce jeudi, les cérémonies se poursuivent. Le cercueil doit être transféré dans la petite église du père de l'artiste, avant la grande journée de funérailles prévue ce vendredi, donc.
La cérémonie doit durer sept heures. De nombreux artistes devraient y participer, à l'image du grand Steevie Wonder, 68 ans. L'ancien président Bill Clinton, saxophoniste à ses heures perdues, devrait prononcer un discours.
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