Venezuela: les opérations de change assouplies pour tenter de relancer l’économie

Au Venezuela, c’est la nouvelle mesure du gouvernement contre la crise économique : l'assouplissement des opérations de change afin d'attirer des capitaux étrangers. Jusqu'alors, la Banque centrale était la seule autorisée à échanger la monnaie locale contre d'autres devises, dorénavant il sera possible de le faire dans des bureaux de change.

Au Venezuela, le dollar est utilisé par les entreprises pour l'import-export ou par les particuliers qui veulent sécuriser leurs fonds. Dans un contexte d'inflation surréaliste : 1 000 000% d'ici la fin de l'année, selon le FMI. La Banque centrale du Venezuela avait jusqu'ici le monopole des opérations de change. Résultat, un marché noir du dollar s'est développé, avec un billet vert 30 fois plus élevé que sa valeur officielle.

L'ouverture du change à des bureaux privés va-t-elle changer la donne ? Réponse de Luis Miotti, économiste spécialiste de l'Amérique latine à l'Université Paris 13 : « Cela ne va résoudre rien du tout. Le marché qui a été habilité fonctionne 35-40 bolivars par dollar tandis qu’au marché noir, il est à 200 bolivars. Cela veut dire qu’il y a des quotas quelque part ». Cette mesure ne suffira pas à combler la demande de la population vénézuélienne, soutient l’expert.

La semaine dernière, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, annonçait une dévaluation spectaculaire du bolivar, en lui supprimant 5 zéros d'un coup pour faire face à l'inflation et à la crise économique qui cause de graves pénuries de nourriture ou de médicaments. Mais pour l'économiste Luis Miotti, ces mesures ne résoudront rien. « Les objectifs sont : trouver un prix d’équilibre entre l’offre et la demande de devises et donner des signaux aux producteurs, exportateurs et importateurs. Sauf que l’offre productive du Venezuela, elle est morte. »

L'économie vénézuélienne dépend à 96% de ses revenus pétroliers, or la production nationale s'est écroulée faute d'investissements. Ces dernières années, l'agriculture ou encore l'industrie ont été totalement délaissées.

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