Pérou: des réformes et un référendum annoncés contre la corruption de la justice

Le pouvoir judiciaire péruvien s'est déclaré en état d'urgence pour 90 jours le 19 juillet et le président de la République a convoqué le Congrès pour suspendre tous les membres du Conseil national de la magistrature. Cela en attendant un projet de réforme de la justice et son référendum qui a été annoncé samedi 28 juillet après le scandale qui ébranle tout le pouvoir judiciaire du pays.

À l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance du Pérou, le président Martin Vizcarra a annoncé samedi 28 juillet que le pays organisera un référendum pour « légitimer » ses réformes judiciaires en cours, qui prévoient notamment la création d'un parquet anticorruption et des sanctions contre les juges et les avocats corrompus.

« Le système judiciaire s'est effondré et (...) ce problème ne date pas d'aujourd'hui, il est structurel », a constaté le chef de l’État. « Nous ferons un référendum pour la réforme judiciaire ». Le président a souligné que les électeurs seraient également appelés à se prononcer sur la limitation du nombre des mandats pour les parlementaires, le rétablissement d'un parlement bicaméral et l'amélioration de la transparence des décisions de justice.

« Avec ces mesures, nous réduirons de manière significative la corruption dans l'administration de la justice », a-t-il estimé. Les experts politiques se montrent cependant sceptiques sur la capacité de Martin Vizcarra à mettre en œuvre toutes ces réformes : le Parlement est en effet dominé par le parti d'opposition d'extrême-droite de Keiko Fujimori, la fille de l'ancien chef de l'État Alberto Fujimori.

Ces mesures viennent en réponse au scandale frappant l'institution judiciaire qui a déjà entraîné de multiples démissions, notamment celle du président de la Cour suprême du Pérou Duberli Rodriguez, qui a présenté sa démission le 20 juillet après la diffusion d'enregistrements compromettants dans lesquels l'on entend des juges monnayer des peines.

Le président du Conseil national de la magistrature (CNM, organisme chargé de nommer les juges et les procureurs), Orlando Velasquez, a lui aussi démissionné trois jours seulement après avoir pris ses fonctions à la suite de la démission de son prédécesseur.

Plusieurs magistrats éclaboussés par le scandale ont déjà été écartés et le ministre de la Justice Salvador Heresi a été démis de ces fonctions par le président Vizcarra.

(Avec agences)

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