En Argentine, le débat sur l’avortement fait toujours la Une de l’actualité. Désormais les pro-avortement sont prêts à faire des concessions pour éviter l’échec du projet de loi au Sénat.
Leur tentative de compromis fait les gros titres de Clarin et La Nacion. « L’inflexibilité des verts a volé en éclat », commente Clarin. Les verts, ce sont les pro-avortement, qui ont choisi cette couleur de ralliement à la cause, en opposition au « bleu ciel », les anti-avortement. À deux semaines de l’examen du projet de loi au Sénat, les verts ont calculé : ils risquent de perdre s’ils ne parviennent pas à convaincre les 10 sénateurs indécis.
Sur quoi sont-ils prêts à céder ?
Sur 4 points principaux : la limitation dans le temps du droit de recours à l’avortement réduit à 12 semaines au lieu de 14 ; l’objection de conscience étendue aux cliniques privées ; les sanctions pour les médecins qui refusent de pratiquer l’avortement ; et enfin le financement, avec la création d’un budget propre pour les hôpitaux publics. Ce compromis porte le nom d’option « Cordoba », parce qu’il est soutenu par des sénateurs originaires de cette ville du Nord argentin. Une « nécessité impérieuse pour sauver la loi » selon l’un d’eux interviewée par La Nacion. Mais même si ces modifications sont approuvées par les sénateurs, le texte devra de nouveau être voté par les députés, le débat est donc loin d’être terminé.
Un autre thème mobilise les Argentins en ce moment. Il s’agit d’un décret présidentiel pour militariser la sécurité intérieure.
Une photo fait la Une du quotidien Pagina 12 : une foule d’Argentins rassemblés devant le ministère de la Défense sous la pluie, c’était hier. Ils étaient « Une centaine de milliers » selon le journal qui titre « Ils comptent imposer la peur » en parlant du Gouvernement argentin. Des défenseurs des droits de l’homme, des partis politiques, des syndicats et des mouvements sociaux se sont retrouvés pour manifester contre une décision « unilatérale et improvisée » selon Pagina 12. Le président argentin, Mauricio Macri a annoncé que l’armée serait désormais habilitée à intervenir sur des questions de sécurité intérieure, notamment dans les opérations de surveillance frontalière.
Mais pour beaucoup d’Argentins, l’armée est synonyme de répression.
Ils ont en mémoire le coup d’État militaire de 1976, et la dictature imposée jusqu’en 1983, avec les meurtres de plusieurs dizaines de milliers d’opposants. Et le journal conclut « L’avantage des dictatures, c’est qu’elles divisaient la population en deux camps très clairs : les conservateurs autoritaires et les courants démocratiques et populaires. Avec ce décret, Macri trace à nouveau cette ligne. »
Direction les États unis maintenant. La presse américaine commente la brutale chute de Facebook en bourse hier qui a perdu 119 milliards de dollars à Wall Street.
« Comment des années de controverses sur la vie privée ont fini par rattraper Facebook », titre le Washington Post qui revient sur les derniers mois de tourmente du réseau social. Le journal donne la parole à un avocat en droit de la vie privée qui parle d’un « avertissement » que les marchés donnent à Mark Zuckerberg. Pour sa part le Boston Globe évoque le jour du « jugement dernier » pour Facebook, mais selon le quotidien M. Zuckerberg peut perdre 17 milliards de dollars, ça n’est, je cite, « pas grand-chose » pour lui.
Sur un tout autre registre, le Los Angeles Times publie une lettre d’un prisonnier de Guantanamo. Elle est très émouvante.
Il s’appelle Ahmed Rabbani, il était chauffeur de taxi à Karachi, au Pakistan avant d’être arrêté, torturé et vendu par un général pakistanais à la CIA, en 2002. Depuis 14 ans, il n’a toujours pas été jugé et il raconte comment « le monde l’a oublié », ce sont ses mots. Lui clame son innocence, « j’ai été pris pour un extrémiste » explique-t-il. Ahmed Rabbani a fait plusieurs grèves de la faim pour protester contre son emprisonnement, mais désormais ce n’est plus par volonté qu’il ne mange plus. Il a des problèmes d’estomac et soupçonne les détecteurs de métaux qu’on lui introduit dans le corps quotidiennement d’en être responsables. « Je disparais progressivement », écrit-il, « je pèse désormais 43 kilos. »
Pour finir, nous allons au Nicaragua, où les journaux commémorent le centième jour d’un conflit sans précédent. Plusieurs chiffres à la Une de La Prensa.
448 morts en 100 jours de manifestations. Le quotidien proche de l’opposition publie une infographie avec des chiffres de l’association nicaraguayenne pour les droits de l’homme : 383 civils, 40 paramilitaires, 24 policiers, et 1 membre de l’armée ont été tués au cours du conflit. Pour sa part, El Nuevo Diario revient en image sur les commémorations des cent jours de lutte. On y voit des photos de traces de pas aux couleurs du drapeau nicaraguayen, bleu ciel et blanc et des messages des manifestants comme celui-ci : « 100 jours de manifestation contre le lâche qui porte un fusil ». Le « lâche » dont ils parlent, c’est le président, Daniel Ortega.