L'annonce, le 16 juillet dernier de l'arrestation de Maria Butina aux États-Unis a scandalisé les diplomates russes, rapporte notre correspondant à Moscou, Paul Gogo. Accusée d'avoir dissimulée ses liens avec le Kremlin alors qu'elle gagnait en influence au sein des républicains et des lobby pro-armes, il est également reproché à Maria Butina d'avoir secrètement collaboré avec un représentant du Parlement russe.
L'arrestation aux Etats-Unis de Maria Butina est « inacceptable », a déclaré samedi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à son homologue américain Mike Pompeo. « Les actions des autorités américaines qui ont arrêté la citoyenne russe (Maria) Butina sur la base d'accusations forgées de toutes pièces sont inacceptables », a indiqué dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
Le ministère des Affaires étrangères réclame sa libération et tente désormais d'en faire une cause nationale. Le 19 juillet dernier, le ministère a lancé un « flashmob numérique » en proposant aux personnes suivant leurs comptes sur les réseaux sociaux d'afficher une photo de Maria Butina en photo de profil. Une photo surmontée d'un hashtag « freemariabutina » apparaît désormais sur le profil de plusieurs comptes officiels russes.
Si cet appel à la mobilisation semble ne pas avoir été entendu des internautes, mis à contribution, les médias d'Etat, eux, tournent à plein régime pour pointer d'éventuelles faiblesses dans les accusations américaines à l'encontre de cette citoyenne russe. La semaine dernière, plusieurs de ces médias sont allés jusqu'à faire passer l'espionne présumée pour une figure de l'opposition russe. Sans y apporter de preuves.
Les étranges relations de Maria Butina
Par ailleurs, certaines des activités de la jeune femme auraient été financées par un milliardaire russe, dont le fils a été volontaire lors de la campagne électorale de Donald Trump.
Konstantin Nikolaev est un milliardaire russe, ayant notamment certains investissements dans le domaine de l’énergie aux Etats-Unis. Mais il a aussi soutenu financièrement une jeune compatriote, qui avait fondé une association pro-armes dans son pays, et qui est ensuite arrivée avec un visa d’étudiante à Washington.
Les enquêteurs ont pu largement documenter les relations de Maria Butina avec la puissante NRA, le lobby des armes qui a aidé la campagne de Donald Trump. Elle a aussi pu participer, avec un banquier proche du Kremlin et désormais sous le coup de sanctions américaines, à des rencontres de très haut niveau à la Réserve fédérale et au Trésor.
En 2016, elle a échangé avec Donald Trump Jr, et lui aurait proposé de créer un canal informel entre son père, alors candidat à la Maison Blanche, et Vladimir Poutine. L’initiative aurait échoué mais lors de l’investiture de Trump début 2017, Butina avait tout même participé à un bal officiel.