Le Nicaragua, secoué depuis trois mois par une contestation sociale violemment réprimée, a connu dimanche une nouvelle poussée de fièvre puisque six civils, dont deux mineurs et quatre policiers ont trouvé la mort dans les opérations des forces de police et paramilitaires à Masaya, ville rebelle assiégée par les forces de l’ordre, dans le sud du pays et plusieurs villes de la région comme Catarina ou Diria. Objectif de la police et des paramilitaires: détruire, à l'aide d'armes lourdes et de pelleteuses, les barricades érigées par les manifestants.
Par ailleurs, des paramilitaires ont ouvert le feu sur le véhicule à bord duquel se trouvait Mgr Abelardo Mata, un évêque nicaraguayen qui se dirigeait vers Masaya, critique du régime du président Ortega. Le dignataire, qui est sain et sauf, est l’un des cinq responsables de l'Eglise qui assurent une médiation entre le gouvernement et l'opposition au Nicaragua.
Selon Ana Quiros, militante des droits de l'homme au Nicaragua, jointe par RFI, l'intensification de la répression tient à l'approche du 19 juillet, l'anniversaire de la fin de la dictature des Somoza en 79. « Ils pensent certainement pouvoir célébrer cet anniversaire comme les années précédentes. Mais le Nicaragua est un autre pays depuis [le début des manifestations] le 18 avril. Le peuple lui a tourné le dos, a montré son rejet total du régime de Daniel Ortega...».
Evacuer les blessés de Masaya
Au coeur de la répression de ces dernières heures, la ville de Masaya, épicentre du mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, lancé le 18 avril contre le gouvernement du président Daniel Ortega. Une ville assiégée selon les organisations de défense des droits de l'homme. Pour l'association nicaraguayenne des Droits de l'homme, il y a désormais urgence. Elle réclame l'ouverture d'un couloir humanitaire pour évacuer les blessés de Masaya.
A l’origine de la contestation, une réforme des retraites que le gouvernement a dû retirer sous la contrainte de la rue. Mais le mécontentement social ne s’est pas apaisée pour autant, renforcée par la violente répression du mouvement par les forces de l’ordre aux ordres du président Ortega dont l’opposition réclame la démission et des élections anticipées.