Sommet historique entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki

Au lendemain de la finale de la Coupe du monde à Moscou, Vladimir Poutine met le cap vers le nord pour une rencontre très attendue. Le président russe a rendez-vous avec son homologue américain Donald Trump lundi 16 juillet, soit la première rencontre officielle bilatérale pour les deux dirigeants qui se sont vus plusieurs fois en marge de sommets internationaux. Les alliés européens de Washington craignent que l'imprévisible Donald Trump ne fasse des concessions sur la question des sanctions ou de la Crimée.

Avec notre correspondante à Heksinki, Anastasia Becchio

Il y a certes ces panneaux publicitaires en russe et en anglais dans les rues de Helsinki qui annoncent : « M. le président, bienvenu au pays de la presse libre ».

Mais au-delà de quelques manifestations hostiles, c'est un État qui entretient des rapports cordiaux aussi bien avec Moscou qu’avec Washington qui accueille ce sommet Trump-Poutine.

Pays membre de l'UE et de la zone euro, la Finlande, voisine de la Russie, constitue une sorte de terrain neutre, selon Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in global Affairs. « La Finlande est un membre de la communauté occidentale, mais elle a dans le même temps des relations économiques très intenses avec la Russie et elle a toujours entretenu avec elle une relation politique très prudente. »

La Finlande n'est pas membre de l'OTAN, mais comme la Suède, elle s'est rapprochée de l'Alliance atlantique à mesure que la Russie a gonflé ses muscles dans la région de la mer Baltique. Le président Sauli Niinistö n'en rencontre pas moins régulièrement Vladimir Poutine.

« Notre président promeut activement le dialogue, avance Markku Kivinen, directeur du Centre finlandais pour les études russes et est-européennes, à l'Université d'Helsinki. Nous parlons avec l'Occident, auquel la Finlande appartient, mais aussi avec la Russie, qui est notre plus grand voisin. La question russe est un défi et un dilemme constant pour notre politique étrangère. »

Une vieille tradition des sommets Est-Ouest à Helsinki

C'est dans la capitale finlandaise, choisie pour ce sommet, qu'ont été signés le 1er août 1975 les accords du même nom. Ceux-ci sont réputés pour avoir contribué à la chute du Rideau de fer et ont été paraphés par Gerald Ford et Léonid Brejnev. Helsinki a aussi accueilli les rencontres Clinton-Eltsine en 1997, ainsi que George Bush et Mikhaïl Gorbachev en 1990.

Une rencontre qui inquiète des Européens

Aucune des deux parties ne table sur une percée diplomatique majeure à l'occasion de ce tête-à-tête, surtout étant donné la médiocrité des relations entre Washington et Moscou.

Toutefois, cette rencontre inquiète les alliés traditionnels des États-Unis : ceux-ci redoutent que l'imprévisible Donald Trump ne fasse des concessions sur la question des sanctions ou de la Crimée.

Sans aller jusqu'à reconnaître l'annexion de la péninsule ukrainienne par la Russie, Donald Trump pourrait quand même adopter des postures de nature à inquiéter les Européens, estime Philip Golub, professeur de relations internationales à l'Université américaine de Paris.

Cette rencontre est une première depuis le début du mandat de Donald Trump, marqué par l'affaire de l'ingérence russe présumée dans la campagne présidentielle américaine. Elle intervient également quelques jours après le sommet de l'OTAN.

Selon Boris Toucas, chercheur invité au Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, ce que Trump pourrait annoncer à l'occasion de cet entretien pourrait aller à l'encontre des intérêts des Européens. Ce qui peut inquiéter ces derniers, à l'image du sommet de Singapour avec Kim Jong-un.

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