Trois des principaux chefs de l'ex-guérilla se sont présentés en personne au tribunal : Pablo Catatumbo, Carlos Lozada et Rodrigo Londoño alias Timochenko, qui fut candidat du nouveau parti créé par l’ex-guérilla à l’élection présidentielle du printemps, Force alternative révolutionnaire commune (Farc).
Ce dernier a demandé pardon aux victimes, et s'est dit « profondément ému » de cette concrétisation la paix. « Nous demandons pardon à toutes les victimes, nous ferons l'impossible pour qu'elles puissent connaître la vérité sur ce qui s'est passé. Nous assumerons les responsabilités qui nous incombent. Nous contribuerons autant que possible aux réparations et nous ferons tout ce qui est à notre portée pour que des événements de cette nature ne se reproduisent plus jamais. Aujourd'hui, nous réitérons au pays et à la communauté internationale notre engagement inébranlable à honorer notre parole ».
Créée dans le cadre de l’accord de paix de 2016 négocié à La Havane, la JEP (juridiction spéciale de paix) doit juger les cas considérés comme représentatifs des violences commises durant la guerre civile, sur la base d'enquêtes menées par les autorités et les témoignages de victimes. Près de 7.000 combattants des Farc se sont démobilisés l'année dernière et plus de 4600 d'entre eux ont déjà témoigné pour la JEP.
Juger les exactions de cinquante ans de guerre
Cette juridiction est entrée en fonction en mars 2017, à la faveur de la réforme de la Constitution rendue nécessaire pour la mise en oeuvre de l'accord de paix. La JEP est chargée de sanctionner les coupables, qu’ils soient guérilleros, militaires ou civils. Rappelons que la guerre civile en Colombie, la plus ancienne du continent sud-américain, a fait plus de 220000 morts, des millions de victimes et de populations déplacées.
La première session a été retransmise en direct sur internet. Prévue pour fonctionner pendant au moins une quinzaine d'années, la JEP administrera la justice de manière « transitoire et autonome » concernant les actions commises avant le 1er décembre 2016 dans le cadre du conflit armé. La justice spéciale sera compétente pour juger notamment les crimes contre l'humanité commis lors des 52 années du conflit, quel qu'en soit l'auteur.
La JEP fait partie d'un dispositif qui comprend également la Commission pour la vérité et une Unité pour la recherche des personnes considérées comme disparues pendant le conflit. Le but est d'aider le pays à panser les blessures laissées par le conflit.