Jusqu'à la dernière minute, le résultat à la Chambre des députés était complètement incertain. Les défenseurs de l'avortement l'ont finalement emporté à 4 voix près. Le texte visant à légaliser l'IVG a été adopté jeudi par la chambre des députés, avec une courte majorité: 129 voix pour, 125 contre à l'issue de longues heures de débat à la Chambre de députés et dans le pays.
Un débat dans lequel l'église argentine a pesé de tout son poids contre le projet de loi. Les évêques se sont mobilisés pour tenter de convaincre les parlementaires de ne pas voter la loi, allant même jusqu'à les menacer d'excommunication. Le pape François avait aussi appelé les Argentins à rejeter la loi sur l'IVG.
Explosion de joie place du Congrès
A l'annonce du résultat du vote, la foule massée sur la place du Congrès a explosé de joie. Liliana Fletcher, étudiante de 19 ans a passé la nuit sur la place avec ses amies, à chanter et fêter ce premier pas législatif en faveur de l'avortement libre en Argentine, rapporte notre correspondante, Aude Villiers-Moriamé. « Je suis tellement émue qu'on n'a même pas sommeil. Je ne vais pas dormir pendant une semaine ! Le temps de réaliser, de me rendre compte que c'est arrivé ! Je ne me rends pas compte. On a gagné cette première étape, rien ne va nous arrêter ! », se réjouit-elle.
Comme la plupart des femmes présentes, Liliana porte un foulard vert, symbole de la campagne pour l'IVG. Le foulard, symbole des combats des femmes argentines: le foulard blanc des mères de la place de Mai et maintenant le foulard vert des militantes féministes.
Il revient maintenant au tour du Sénat d'examiner ce texte. Pour Silvia Sheider, militante de longue date pour l'IVG, il n'y a pas de marche en arrière possible. « C'est un jour historique. Je ne crois pas que les sénateurs soient assez idiots pour perdre cette opportunité d'ouvrir de nouveaux droits aux femmes...». Les sénateurs argentins devraient se prononcer sur la légalisation de l'avortement au mois de septembre.
► à (ré)écouter: Avortement en Argentine: vers la fin d'un tabou ?