Il très rare que le Canada montre les dents aux Etats-Unis, un partenaire commercial qui représente plus de deux tiers de ses exportations. Le Premier ministre Justin Trudeau a pris un ton très solennel pour rappeler au président américain l’importance des liens historiques entre les deux pays depuis 150 ans, soit la fondation du Canada, note notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas.
« Des plages de la Normandie aux montagnes de l’Afghanistan, nous nous sommes battus ensemble et nous avons pleuré la perte des nôtres ensemble et les forces canadiennes œuvrent aux côtés des Américains », a-t-il lancé.
Près de 80% de l’aluminium canadien et la moitié de son acier part aux Etats-Unis chaque année, ce qui représente environ 12 milliards d’euros. Le Canada a donc décidé d’imposer des tarifs douaniers sur les produits américains, jusqu’à concurrence de cette somme. Des tarifs de 25% et de 10% vont s’imposer sur les importations d’acier, mais aussi de papier toilette ou de soupes préparées.
« Il s’agit de la plus importante action commerciale canadienne depuis la fin de la guerre, explique Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères. C’est une réponse très forte, mais parfaitement adaptée à la décision américaine. C’est un geste important du gouvernement canadien, face à une très mauvaise décision américaine ».
Dans son discours, le Premier ministre Justin Trudeau n’a pas manqué de souligner à quel point cette guerre commerciale va faire mal aux deux économies très dépendantes l’une de l’autre.
Lourde sanction économique au Mexique
En plus de réprouver ces mesures protectionnistes, le Mexique a lui aussi annoncé des mesures de rétorsion, rapporte notre correspondant sur place, Patrick John Buffe. Il veut imposer de manière immédiate des droits de douane sur plusieurs produits importés des Etats-Unis, notamment les aciers plats, les préparations alimentaires et certains fruits et fromages.
Les taxes américaines vont lourdement sanctionner le Mexique. L’acier et l’aluminium sont en effet des composants qui contribue à la compétitivité de plusieurs de ses secteurs économiques, au premier rang desquels l’industrie automobile, qui exporte aux Etats-Unis les trois quarts des voitures construites au Mexique.
Le gouvernement craint de plus que ces taxes aient un effet négatif sur la croissance et l’inflation. Le peso, la devise mexicaine, a perdu plus de 1% de sa valeur par rapport au dollar dès l’annonce de la décision américaine.
Enfin, l’imposition de telles taxes ne peut que compliquer la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) avec les Etats-Unis. Au dire même des chefs d’entreprises mexicains, il est difficile de négocier avec un partenaire qui, d’un côté, prétend vouloir parvenir à un accord mais qui, de l’autre, impose des droits de douane totalement injustifiés.