« AMLO », comme il est surnommé, participe pour la troisième fois à la présidentielle. En 2006, il avait fait figure de favori durant la majeure partie de la campagne avant finalement de perdre face au conservateur Felipe Calderón du Parti action nationale (Pan).
Cet homme de gauche au tempérament parfois fougueux semble le mieux placé pour succéder au président Enrique Peña Nieto. En plus d’être un personnage « bien enraciné dans la vie politique mexicaine », pointe Hélène Combes, chercheuse à Sciences Po Paris, Lopez Obrador arpente le pays depuis des années à la rencontre de ses électeurs.
« Depuis 2006, Lopez Obrador a sillonné le Mexique, allant vraiment parfois dans des municipalités extrêmement reculées, dans des régions montagneuses où jamais aucun homme politique n’était allé, précise cette spécialiste du Mexique. Et ça, c’est très marquant pour les électeurs mexicains. » Hélène Combes pense que c’est là « une des clefs de son possible succès. »
Décrit par ses détracteurs comme un populiste de gauche, le candidat du Morena (Mouvement de régénération nationale) cherche activement à se démarquer de cette étiquette. « En 2006, il avait fait l’objet d’une campagne de discrédit très importante dans les médias ; on l’accusait d’être le Chavez mexicain. Lopez Obrador a essayé de se démarquer de cette image. Il a fait des alliances avec des secteurs assez variés dans la société, notamment avec des entrepreneurs, et il a aussi fait un choix assez original : il a déjà publié la composition de son gouvernement s’il est élu. »
Scandales de corruption et mauvais bilan pour le PRI
En face, Lopez Obrador affronte Ricardo Anaya, 38 ans, qui se présente, lui, au nom d'une nouvelle coalition de partis de droite et gauche, Por Mexico al Frente (Pour le Mexique Devant). En troisième position dans les sondages, figure l'ancien ministre des Finances, José Antonio Meade, candidat sous la bannière du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir). Ce dernier n’est toutefois pas membre du parti, pour éviter d’être associé aux affaires de corruption qui touchent le PRI.
Car comme le souligne encore Hélène Combes, le parti, « créé à la fin des années 20 et resté au pouvoir pendant 70 ans jusqu’en 2000 » puis revenu à la tête du pays en 2012 avec l’élection de Peña Nieto, est dans la tourmente. « Le PRI est touché par de nombreux scandales de corruption. Par exemple, quatre gouverneurs du parti sont en prison et trois sont actuellement en fuite. Donc un personnel politique particulièrement touché par les scandales de corruption. »
Et cela vient s’ajouter le bilan du président sortant, dont la popularité a plongé à la fois en raison des affaires, mais aussi de la situation sécuritaire. « La situation du Mexique s’est encore détériorée pendant le mandat de Enrique Peña Nieto, surtout sur la question de la violence. Aujourd’hui, le Mexique est un des pays les plus violents au monde. Pendant son mandat, il y aurait eu plus de 120 000 morts dans ce qu’on appelle la guerre contre le narco, avec la question des gangs, de l’armée, des cartels. »
Selon le sénateur du Pan, Ernesto Ruffo, il s'agira pour beaucoup d'électeurs le 1er juillet de voter soit contre la corruption du parti au pouvoir, soit contre Lopez Obrador.