Pérou: Fujimori, une grâce qui pourrait finir en coup de grâce pour Kuczynski

Au Pérou, les excuses présentées sur Facebook par l'ancien président Alberto Fujimori ne manquaient pas d'une certaine mise en scène. Fujimori y était étendu sur son lit d'hôpital, entouré d'appareils médicaux et l'air blême. De quoi accréditer le motif médical et humanitaire de la grâce qui lui a été concédée dimanche 24 décembre par le président Pedro Pablo Kuczynski. Apparemment, cela n'a pas suffi. Le chef de l'Etat perd chaque jour de nouveaux soutiens.

De notre correspondant régional, Eric Samson

Plus les jours passent, ou plutôt plus les heures passent, plus le président péruvien se retrouve seul. C'est d'abord son avocat qui s'est opposé à la grâce d'Alberto Fujimori, lui qui avait pourtant défendu Pedro Pablo Kuczynski la semaine dernière pour lui éviter d'être destitué par le Congrès.

Trois des députés du parti officiel Péruviens pour le changement ont annoncé leur intention de quitter le groupe parlementaire officiel déjà maigrelet. Kuczynski ne peut plus compter que sur 15 députés sur 130 et d'autres défections pourraient avoir lieu ce mercredi 27 décembre lors d'une réunion du parti. Après le ministre de l'Intérieur, les titulaires de la Défense et de la Culture pourraient également quitter le gouvernement que Kuczynski va devoir profondément remanier.

Les partis de gauche qui s'étaient abstenus lors du vote de la motion de destitution font désormais feu de tout bois contre le président, ainsi que les organismes de défense des droits de l'homme. A Washington, trois d'entre eux ont indiqué ne pas croire à la raison médicale citée par Kuczynski pour gracier Fujimori. Ils regrettent que la grâce concédée évite à l'ancien président d'être jugé pour l'assassinat de six personnes dans la communauté paysanne de Pativilca en 1992.

Des familles de victimes ont annoncé leur intention de contester la grâce présidentielle auprès de la Cour suprême et de la Commission interaméricaine des droits de l'homme.

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