De notre correspondante,
Sur tous les réseaux, les photos prises dans les bureaux de vote boliviens fleurissent. Elles sont partagées ou bien par les votants eux-mêmes ou par les responsables du dépouillement. Et il y a vraiment de tout. Il y a d’abord la catégorie des « pas sérieux » qui votent pour Batman, font une demande en mariage ou encore commentent le football. Et puis il y a les autres, les critiques, comme ce dessin d’un extraterrestre disant « peu importe pour qui vous votez votre pays est condamné », un autre message où l’on peut lire, « dehors les tyrans » ou encore une plaque de policier insérée dans l’enveloppe avec écrit « la police est avec le peuple ».
Mais quel est exactement le reproche que l’on fait à Evo Morales ?
Tout d’abord, à peine quelques jours avant l’élection, le Tribunal constitutionnel a accepté une quatrième candidature du président Evo Morales aux prochaines présidentielles bien que la Constitution l’interdise, et que les Boliviens aient dit « non » à ce cas de figure lors d’un référendum en février 2016. Il y a eu d’ailleurs beaucoup de références à ce référendum, comme par exemple « le peuple a dit non » écrit en travers d’un bulletin ou encore « rappelle-toi du 21 février 2016». En plus de cette récente décision qui crée beaucoup de tensions, l’opposition appelait à voter nul depuis des mois déjà car, selon elle, les candidats magistrats ont été présélectionnés par l’Assemblée nationale selon leurs idées politiques, en accord avec celles du gouvernement, et non pas selon leurs capacités.
Les réseaux sociaux, le grand défouloir
Les citoyens ont la sensation que l'humour, le sarcasme, et on peut le dire, la créativité sont tout ce qu'il leur reste. Les Boliviens ont ainsi cherché à exprimer leur désarroi face à une démocratie qu’ils sentent en danger. Quelque part ils disent « notre opinion n’a pas été respectée lors du dernier vote, pourquoi prendre celui-ci au sérieux ? » Une photo de bulletin qui a été très partagée sur les réseaux, c’est un dessin d’Evo Morales couronné, paraissant ainsi comme un monarque autoproclamé.