Cuba: des élections municipales sans opposition

A Cuba débute un long processus électoral qui s’achèvera en 2018 par la désignation de celui qui remplacera Raul Castro à la tête du pouvoir. Ce dimanche 26 novembre, les Cubains sont appelés à voter pour le premier tour des élections municipales. Un scrutin sans surprise puisque la dissidence cubaine et les différentes plateformes qu’elle a mises en place n’ont pas réussi à placer des candidats dans ces scrutins locaux. Présentation de cette première étape qui va mener à la fin de l’ère Castro.

Ils sont un peu plus de 8 millions d’électeurs appelés ce dimanche à voter en faveur d’un des 27 221 candidats qui briguent un poste de délégué aux Assemblées municipales du pouvoir populaire, c’est-à-dire de conseiller municipal.

Après un écrémage des candidats qui a permis aux autorités cubaines de fermer la porte à la dissidence, le résultat devrait être sans surprise, surtout que l’omniprésent Parti communiste cubain continue de superviser tout le processus.

Un second tour est prévu le 3 décembre pour les candidats qui ne seraient pas parvenus à obtenir plus de 50% des suffrages ce dimanche.

Ces élections sont la première étape d’un marathon électorale qui, à terme, va marquer le départ de Raul Castro. En janvier, les Cubains éliront les plus de 600 députés qui composent de l’Assemblée générale. Des députés qui auront ensuite la tache de déterminer la composition du Conseil d’Etat, c’est-à-dire l’instance qui choisira le successeur de Raul Castro à la tête des autorités.

Miguel Diaz-Canel, actuellement numéro deux du régime, est depuis longtemps pressenti pour prendre les rênes du pouvoir. Un changement qui ne marquera pas pour autant la mise à l’écart de Raul Castro. Le frère de Fidel devrait rester premier secrétaire du Parti communiste cubain jusqu’au prochain congrès du parti qui devrait se tenir en 2021.


L’activiste cubain Felix Llerena dénonce un simulacre d’élection

L’activiste cubain Felix Llerena est le promoteur de l’initiative citoyenne Cuba Decide, lancée en 2015. Joint à Washington par RFI, il explique qu’il encourage les Cubains à s'abstenir, ou pour ceux qui ne peuvent pas se le permettre, à inscrire le mot « Plebiscito » (Référendum) sur leur bulletin de vote dimanche, pour prouver au gouvernement Castro que le pays souhaite un changement.

« Pour tous ceux qui sont obligés d'aller voter parce qu'ils ont un emploi à sauver, une université de laquelle ils ne veulent pas se faire expulser comme moi je l'ai été, pour les personnes qui ont des responsabilités ou qui sont proches du régime, on demande à toutes ces personnes qui souhaitent un changement, mais qui ont peur de le dire, de simplement inscrire le mot " Plebiscito " (Référendum) sur leur bulletin de vote. Pour que le gouvernement comprenne que beaucoup de gens veulent un changement ou du moins qu'on leur demande ce qu'ils veulent. Il n'est pas question de donner une option politique au peuple, non, simplement de lui demander ce qu'il veut. Si le peuple veut la liberté, s'il veut la démocratie ou la justice, il faut l'écouter. »

« Pour nous, depuis 1959 il n'y a pas eu de vraies élections, poursuit Felix Llerena. C'est pour ça que nous demandons un référendum, pour obtenir un changement réel de la Constitution cubaine. Parce qu'actuellement cette Constitution elle nous bâillonne, elle nous oblige à vivre avec le socialisme pour toujours. Aujourd'hui, après la politique d'ouverture des Etats-Unis, avec le changement de politique de l'Union européenne, beaucoup ont pensé que les choses allaient changer, que le pays s'engagerait dans une transition vers la démocratie au moment du retrait de Raul Castro, comme on l'a cru à la mort de Fidel Castro. Mais en fait à Cuba, c'est toujours pareil. On ne peut pas parler d'élections quand les partis politiques sont interdits. Quand les opposants sont expulsés de l'université, comme moi. Quand les professeurs sont expulsés eux aussi juste parce qu'ils pensent différemment, parce qu'ils veulent un futur différent pour notre pays. »

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