Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Coup de théâtre ; une partie de la coalition d'opposition a cédé, à savoir quatre gouverneurs, tous issus du parti Action démocratique, la plus ancienne formation politique du Venezuela et l'un des partis les plus importants de l'opposition.
Ils ont prêté serment lundi 23 octobre face à l'Assemblée constituante avant d'apposer leurs signatures sur un acte qui, selon le texte officiel, « garantit pleinement le fonctionnement institutionnel de la Constituante ».
Depuis des semaines, l'opposition était ferme et assurait en bloc que ses élus « ne se soumettraient qu'à la Constitution et au peuple et en aucun cas à la Constituante », rappelle notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez.
Soutien de Capriles au dernier gouverneur récalcitrant
Absent de cette cérémonie, le 5e gouverneur, Juan Pablo Guanipa, élu dont l'Etat de Zulia, a justifié son geste de « ne pas se soumettre à la Constituante frauduleuse » au nom, selon ses termes, de « la dignité ».
Une décision qui a été rapidement commentée : ainsi Henrique Capriles, ex-candidat de l'opposition lors des deux dernières présidentielles, lui a apporté tout son soutien, car selon lui « les principes et la cohérence ont une valeur ».
La présidente de l'Assemblée constituante lui a quant à elle lancé un avertissement : « Sa décision aura des conséquences car les lois de la République ont été faites pour être respectées. »
La difficile mise en place d'une stratégie commune
Certains observateurs annoncent déjà la fin programmée de l'unité de l'opposition, incarnée par la coalition Table de l'unité démocratique (MUD). Une opposition déjà mise à rude épreuve par la sévère défaite qu'elle a encaissée lors des régionales.
Composée d'une trentaine de partis, allant du centre gauche à l'extrême droite, cette coalition rassemblant les opposants au chavisme était pourtant donnée favorie. Mais elle a perdu beaucoup d'électeurs depuis les législatives de 2015.
La difficile mise en place d'une stratégie commune a certainement coûté des voix à cette coalition. Faut-il chercher le dialogue ? Demander des élections anticipées ? Descendre dans la rue ? Les divisions persistent.
La division de l'opposition, une victoire pour Maduro
Jusqu'à présent, cette coalition a pu colmater les brèches en jouant l'unité dans l'adversité face à Nicolas Maduro. Mais alors que l'opposition peine à mobiliser la rue, la décision des quatre gouverneurs l'affaiblit davantage.
Les dissidents ont même été qualifiés de « traitres » par Voluntad Popular, l'un des principaux partis de la MUD. L'agonie de la coalition de l'opposition fait les gros titres de la presse ce mardi 24 octobre 2017.
Une agonie qui bénéficie bien sûr au président Nicolas Maduro. « La division de l'opposition représente une grande victoire pour le gouvernement », regrette d'ailleurs une éditorialiste anti-chaviste ce mardi.