Un décret adopté par l'Assemblée constituante vénézuélienne doit permettre de juger « ceux qui ont encouragé des actions immorales contre les intérêts du peuple vénézuélien ». Les responsables politiques qui ont soutenu ou appelé à des sanctions financières contre le pays sont tout particulièrement visés.
Ces sanctions, imposées par le président américain Donald Trump le 25 août dernier, risquent d’aggraver la crise au Venezuela. Déjà très mal en point, l'économie du pays subit une inflation estimée à 650 % sur les douze derniers mois.
Enquêtes immédiates
Le Code pénal prévoit des peines allant de 20 à 30 ans de prison en cas de « trahison ». Si le décret approuvé ce 29 août ne mentionne aucun nom, des figures de l’opposition ont été directement visées lors des débats, comme le président du Parlement Julio Borges et son vice-président Freddy Guevara.
Ces deux leaders politiques étaient en première ligne lors des manifestations quotidiennes entre le mois d’avril et la fin du mois de juillet. Comme les autres membres de la coalition de l’opposition, ils avaient apporté leur soutien à l’initiative américaine, le 27 août dernier. Les enquêtes pour trahison devraient débuter de manière immédiate, comme l’a réclamé l’Assemblée constituante en s’adressant à tous les services de l’Etat.
Avertissement de l'ONU
Par ailleurs, pour la deuxième fois en moins d'un mois, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l'Homme tire la sonnette d'alarme sur la situation au Venezuela, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche.
La première fois, l'organisme onusien avait condamné les méthodes expéditives du régime vénézuélien. Cette fois, le haut commissaire va plus loin. Dans son dernier rapport, le Jordanien Zeid Ra'ad al Hussein dénonce une répression des opposants érigée en politique par Caracas.
Arrestations arbitraires, passage à tabac, menace de viol... Des groupes d'opposants sont eux aussi accusés d'utiliser la violence mais pas avec la même ampleur : cinq morts leurs sont attribués contre 73 pour les forces de sécurité et les milices progouvernementales sur les 124 liées aux violences.
Le président Nicolas Maduro a bien été élu par le peuple, a rappelé le haut commissaire. Mais les récentes actions du gouvernement montrent, selon lui, que ce qu'il reste de la vie démocratique au Venezuela est en train d'être écrasé.
« On parle de plus de 5 000 personnes arrêtées et détenues de manière arbitraire en raison de leur participation aux manifestations, qui ont aussi subi des mauvais traitements qui ont pris la forme de cas de torture dans certains cas, explique Mara Steccazzini, experte au Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, au micro de Tom Umbdenstock. Cela s'inscrit dans une violation répétée et systématique de la liberté de réunion, mais aussi de la liberté d'expression. Et cela continue. Au mois d'août, qui se situe hors de la période sur laquelle se base notre rapport, dix médias ont été fermés, six radios et quatre chaînes de télévision. En dehors des manifestations, la répression étatique est là et continue ».