Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Rappelant qu'historiquement, les relations américano-pakistanaises avaient été bonnes, Rex Tillerson a reconnu qu'elles s'étaient détériorées au cours des dernières années. Le chef de la diplomatie américaine parle d'une « perte de confiance ».
« Nous avons constaté que des organisations terroristes profitent de sanctuaires au Pakistan pour préparer et mener des attaques contre les soldats américains et les responsables américains, perturbant les efforts de paix en Afghanistan. Le Pakistan doit changer d'attitude », a confirmé M. Tillerson.
Les Etats-Unis sont prêts à l'y aider, a ajouté le secrétaire d'Etat. Mais que se passera-t-il si Islamabad fait la sourde oreille ? Rex Tillerson laisse planer la menace d'une possible suspension de l'aide militaire et civile ou la perte du statut d'allié privilégié des Etats-Unis. Il rejette toutefois une pression trop forte qui pourrait déstabiliser la région.
Divers analystes jugent risquée la décision de Donald Trump de critiquer ouvertement le Pakistan, dont dépend l'armée américaine pour sa logistique. La tactique la plus ingénieuse de Trump a peut-être été d'inviter l'Inde à jouer un rôle plus grand en Afghanistan. Islamabad ne souhaite certainement pas voir le gouvernement afghan se rapprocher de New Delhi.
Les tensions persistent sur le dossier nord-coréen
Dans sa conférence de presse, le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs salué le niveau de retenue de la Corée du Nord au cours des récents jours, ce qui n'a pas empêché Washington d'accentuer ses pressions sur le régime de Pyongyang, avec de nouvelles sanctions contre dix entreprises et six individus chinois et russes qui l'aident a poursuivre son programme nucléaire.
Le secrétaire américain au Trésor, Steve Munchin, a pour sa part été clair : Il est inacceptable, a-t-il déclaré, que des entreprises ou des individus en Chine, en Russie ou ailleurs, permettent à la Corée du Nord de générer des revenus pour développer des armes de destruction massive.
Particulièrement dans le collimateur de Washington : les entreprises chinoises qui achètent du charbon, l'une des principales ressources de Pyongyang, qui lui rapporte plus d'un milliard de dollars par an. Trois ressortissants russes sont pénalisés pour avoir fourni du pétrole à la Corée du Nord, alors qu'une société chinoise et une autre russe le sont pour l'achat de matières premières au profit d'entreprises liées aux programmes militaires du régime de Kim Jong-un.
La Russie estime que ces sanctions unilatérales sont illégales, car hors cadre de la résolution 2371 de l'ONU. Mais le gouvernement américain les juge efficaces, car elles forcent les entreprises et les banques à choisir entre faire des affaires avec les Etats-Unis ou avec la Corée du Nord.