De notre correspondant au Brésil,
Depuis le déploiement de 5 000 membres des forces de l’ordre dans la ville, dont 3 600 militaires, les opérations sur le terrain sont presque quotidiennes. Du côté des autorités, on préfère rester prudent.
Le ministre de la Défense a par exemple reconnu que la grande opération lancée le week-end dernier dans plusieurs favelas n’a pas produit de résultat « spectaculaire » et qu’il faudra sans doute du temps pour rétablir l’autorité de l’Etat.
La peur de l'arrastão, la razzia en pleine rue
Les militaires se sont un peu mis en retrait depuis quelques jours, et la violence au quotidien semble reprendre le dessus à Rio. Plusieurs incidents ont été signalés. Car en fait, il y a toujours des points chauds dans la ville.
La célèbre avenue Brésil par exemple. Cette grande artère, qui permet d’entrer en ville, est très souvent le théâtre de vols à main armée. Dernière fusillade : mercredi matin, lorsque des bandits ont coupé la circulation et ont ramassé tout ce qu’ils pouvaient sur leur chemin.
Et en dépit de cette nouvelle opération, même si une brigade a bien été dépêchée sur le terrain, les suspects n’ont pas été arrêtés.
C’est ce que les Brésiliens appellent un « arrastão », une sorte de razzia, un peu comme dans les westerns. C'est assez terrifiant et cela sème la panique dans la ville. Les automobilistes commencent à faire marche arrière dans les avenues bondées.
Scepticisme quant à l'efficacité de la méthode
La population ne se sent pas rassurée du tout, vulnérable, et souhaite une présence effective des forces de l’ordre pour sortir de ce cauchemar. En général, elle voit plutôt plutôt ces renforts d’un bon oeil.
Cela dit, la population des quartiers pauvres a parfois peur aussi de faire les frais de l’intervention massive des forces de l’ordre, notamment lors d’affrontements avec les narcotrafiquants.
Par ailleurs, des critiques ont été émises par les défenseurs des droits de l'homme. Paulo Sergio Pinheiro, grand diplomate brésilien et actuel commissaire aux droits de l'homme à de l’ONU, a déclaré à la presse locale que « l'occupation n’est absolument pas efficace ».
« Le premier bilan de l’intervention dans six quartiers de Rio est ridicule. Les arsenaux et les réseaux des trafiquants restent intacts », observe Paulo Sergio Pinheiro, qui a été ministre des Droits de l'homme au début des années 2000.