Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Dans la journée de jeudi 4 mai, le bilan s'est encore alourdi : un dirigeant étudiant de 33 ans a été tué « après avoir reçu plusieurs coups de feu » selon la justice. Il se trouvait dans une assemblée étudiante d'une université de la région d'Anzoategui, sur la côte au nord du pays. Une enquête a été ouverte. Avant lui, 35 personnes sont mortes selon le dernier bilan de la justice au cours de troubles depuis le début du mois d'avril.
A Caracas, les étudiants se sont donc mobilisés jeudi, notamment ceux de l'Université Centrale du Venezuela (la UCV), université publique de la capitale qui est aussi une des principales facultés du pays.
« J'ai peur de perdre mon pays »
Ils étaient ainsi des centaines à vouloir marcher de l'Université Centrale du Venezuela jusqu'au ministère de l'Intérieur. En vain. Dès l'entrée principale, les forces de l'ordre empêchent les étudiants de sortir et les repoussent à coups de bombes lacrymogènes.
Maria Alexandra Rivas est étudiante en odontologie. « Je suis indignée : comment d'autres Vénézuéliens peuvent nous attaquer comme ça ? La répression est brutale : les forces de l'ordre nous affrontent comme si nous étions des délinquants. Contre les lacrymogènes, j'ai avec moi du maalox, de l'eau au bicarbonate de soude et l'envie de persévérer. Je crois que je n'ai manqué aucune marche : j'ai arrêté d'aller en cours et je suis là ! Je n'ai pas peur de perdre mon année, j'ai peur de perdre mon pays. »
Les motifs de manifester ne manquent pas selon ces étudiants : beaucoup citent l'insécurité. Mais ce qui revient le plus souvent, ce sont les conditions économiques précaires dans lesquelles ils vivent comme le raconte notamment Miguel Rodriguez, étudiant en lettres. « En ce moment, je travaille dans une librairie. Je suis étudiant et j'ai un travail où je gagne un salaire minimum. Ça me permet à peine de manger pendant une semaine. A la maison, ce que je gagne, ça sert à nourrir ma mère et mon frère. La situation économique est horrible : ce que je veux ce n'est pas survivre, je veux vivre ! »
La rectrice de la faculté a condamné ce jeudi « la répression inacceptable » des forces de l'ordre contre les étudiants.