Mission de Rex Tillerson à Moscou: envoyer un message de fermeté sur la Syrie

La Russie juge que les relations entre Moscou et Washington traversent « la période la plus difficile depuis la fin de la guerre froide » et appelle les Etats-Unis à une « coopération constructive », des propos tenus par le ministère des Affaires étrangères russe, juste avant l'arrivée à Moscou de Rex Tillerson, ce mardi 11 avril 2017, pour sa toute première visite en tant que secrétaire d'Etat américain. A Moscou, la mission de Rex Tillerson: envoyer un message de fermeté sur la Syrie.

Avant même de prendre l’avion pour la Russie, le secrétaire d’Etat américain a enchaîné les critiques à l’égard de Moscou. Pour lui, durant ces dernières années toutes les décisions du Kremlin sur la Syrie n’ont été qu’une succession d’échecs. Le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. La Russie s’y était engagée en 2013, affirme le diplomate en chef américain. Quatre ans plus tard, le constat est sans appel : rien n’a été fait et Bachar el-Assad continue de gazer son propre peuple, explique Rex Tillerson.

Le secrétaire d’Etat américain s’étonne d’un manque de sérieux ou bien d’une incompétence en la matière de la part de la Russie. Et Rex Tillerson ne s’arrête pas là, selon lui, Moscou ne brille pas non plus sur le plan diplomatique puisque son initiative : les négociations d’Astana pour mettre un terme à la guerre en Syrie n’affichent aucun progrès.

Rex Tillerson a prononcé ces mots très durs à l'égard de la Russie, à la sortie de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 ce mardi matin en Italie. 

Durant sa visite de deux jours à Moscou, Rex Tillerson rencontre son homologue Sergueï Lavrov, mais pas sûr que le président Vladimir Poutine lui ouvre les portes du Kremlin.

Poutine met en garde contre des «provocations» à l'arme chimique en préparation en Syrie

Vladimir Poutine recevait son homologue italien à Moscou ce mardi 11 avril 2017. Il a profité d’une conférence de presse conjointe pour mettre en garde contre des « provocations » à l'arme chimique qui seraient, selon lui, en préparation en Syrie afin de mettre en cause Bachar el-Assad. En effet, la Russie ne décolère pas après les frappes américaines menées en Syrie en représailles à l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun début avril.


Moscou joue l'apaisement

Moscou a publié un long communiqué qui affiche une position d'ouverture, tout en utilisant un vocabulaire qui n'a rien à envier à l'époque soviétique, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

« Nous ne cherchons pas la confrontation, mais une coopération constructive », explique la diplomatie russe, qui développe un argumentaire sur la responsabilité de l'administration précédente dans la détérioration des relations entre les deux pays. Les Etats-Unis ont cherché à contraindre l'influence de la Russie et à limiter son développement économique par les sanctions. Ils ont ainsi montré leur volonté d'hégémonie mondiale. Les crises ukrainiennes et syriennes sont les conséquences directes de la politique irresponsable de l'administration Obama, qui s'est opposée au processus objectif du monde multipolaire », est-il pointé dans le communiqué.

Une fois les griefs affichés, la diplomatie russe fait l'inventaire des autres dossiers sur lesquels elle attend le nouveau secrétaire d'Etat américain : la position américaine sur la Libye, qui, « après l'intervention militaire de l'Otan, est de facto divisée comme l'est l'Irak » ; la stratégie des Etats-Unis sur le Yémen où « les armes américaines sont utilisées pour bombarder les civils ». La Russie espère également que les Etats-Unis ne vont pas bouder les consultations internationales sur l'Afghanistan qui auront lieu le 14 avril 2017 à Moscou, et enfin, la Russie se déclare très inquiète des intentions de Washington concernant la Corée du Nord.

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