Colombie: «les recherches continuent» 3 jours après la coulée de boue de Mocoa

Le bilan de la gigantesque coulée de boue qui a dévasté la ville de Mocoa, dans le sud-ouest de la Colombie, s’élève à 254 morts. La population craint un autre drame, malgré les démentis des autorités.

« On m'informe que le bilan s'est alourdi à 254 morts », écrit le président Juan Manuel Santos sur son compte Twitter. Au moins « 43 sont des enfants. Nos prières les accompagnent », a ajouté lors d'une allocution le chef de l'Etat, qui a pris la direction des secours et des travaux de réparation sur place.

Dans la nuit de vendredi à samedi, trois rivières ont débordé près de Mocoa, à cause de pluies torrentielles. La catastrophe a fait 203 blessés, « beaucoup dans un état grave », a déclaré le président Santos. On compte aussi plus de 400 disparus selon José Luis Barreiro, directeur d’Action contre la Faim en Colombie, dont les propos ont été recueillis par l’antenne en espagnol de RFI.

L'aqueduc local a été détruit et une année sera nécessaire pour le reconstruire. L'approvisionnement électrique a été en outre gravement endommagé, non seulement à Mocoa mais dans le département de Putumayo, dont la ville de 40 000 habitants est le chef-lieu.

Des populations doublement affectées

La majorité des quartiers affectés sont pauvres, habités par des déplacés du conflit armé qui déchire la Colombie depuis le début des années 1960. José Luis Barreiro, directeur d’Action contre la faim en Colombie estime que ces populations sont doublement affectées : « Par le conflit armé, mais aussi par la catastrophe naturelle ».

De leur côté, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), qui a signé un accord de paix avec le gouvernement, a offert dimanche son aide pour participer à la reconstruction de Mocoa.

Pataugeant dans la boue, les secouristes apportent sans relâche leur aide aux sinistrés. « Les recherches continuent pour trouver des survivants. Nous sommes encore dans les 72 heures suivant un tel désastre », au cours desquelles il y a encore un espoir de sauver des vies, déclare un porte-parole de la Croix-Rouge colombienne.

Un élan de solidarité important

Des vivres, des couvertures, des vêtements, mais aussi des volontaires : chirurgiens, psychologues. Dans les grandes villes colombiennes, des centaines de personnes ont proposé leur aide. Hors du pays, également, la Chine a promis un million de dollars et la Banque Inter-américaine de développement en versera 200 000 dollars.

Si l'attitude des Colombiens depuis la catastrophe est exemplaire, elle l'a moins été en termes de prévention. 10 juges d'instruction et 45 enquêteurs ont été dépêchés sur place pour identifier les corps, mais aussi pour définir si le drame était évitable. En Colombie, il est très rare que des responsabilités soient établies dans ce genre de situation.

La ville privée d'eau courante et d'électricité

José Luis Barreiro explique que l’approvisionnement en eau de Mocoa dépend dorénavant des camions-citernes. « La coulée de boue a détruit les trois arrivées d'eau de la ville et avec elles tout le système de distribution d'eau. Ce qui veut dire que Mocoa et ses 38 000 habitants dépendent maintenant de camions-citernes », explique à RFI le responsable d'ACF. Du fait des mauvaises conditions d’hygiène, les principaux défis qui se posent à la ville sont l’endiguement des maladies, et la limitation de la prolifération des moustiques, poursuit-il.

Selon le maire de Mocoa, José Antonio Castro, la menace - déjà connue avant la catastrophe - pèse toujours sur cette ville fondée en 1563. « Environ dix rivières coulent à proximité de la localité et cela signifie qu'une ville ne devrait pas se trouver à cet endroit », a-t-il déclaré au quotidien El Espectador. « Un survol de la zone affectée, pour identifier d'éventuels endiguements de rivières » présentant des dangers a confirmé « qu'il n'existe pas de nouvelle menace d'avalanche pour la ville », indiquent pour leur part les autorités dans un communiqué.

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