« Tant que l'Assemblée nationale sera hors la loi, les compétences parlementaires seront exercées directement par la chambre constitutionnelle (de la Cour suprême) », selon la décision publiée par la plus haute juridiction du pays dans la nuit de mercredi à jeudi.
Après cette décision, le président du Parlement vénézuélien Julio Borges a accusé le président Nicolas Maduro de « coup d'Etat », appelant l'armée à sortir du « silence » face à la rupture de l'ordre constitutionnel. « Nicolas Maduro ne peut pas être au-dessus de la Constitution », a-t-il ajouté, estimant que le président avait « retiré le pouvoir au peuple vénézuélien ».
Depuis janvier 2016, la Cour suprême a déclaré nuls tous les votes du Parlement, en réaction à l'investiture de trois députés anti-chavistes, malgré les soupçons entourant leur élection.
Dernière décision en date de la justice, les députés vénézuéliens, majoritairement d'opposition, ont été privés mardi de leur immunité, ce qui les expose à de possibles procès pour haute trahison devant des instances militaires.
L'opposition veut pousser le chef de l'Etat vers la sortie et exige une élection présidentielle anticipée avant celle prévue en décembre 2018. A l'inverse, le président Nicolas Maduro accuse l'opposition et l'Organisation des Etats américains (OEA) d'encourager une « intervention internationale ».
Outre le choc des pouvoirs au Venezuela, ce pays parmi les plus violents au monde est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits basiques et l'inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, prédit le FMI).
Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre ce jeudi. Le Pérou a par exemple rappelé son ambassadeur, l’Union européenne appelle quant à elle au respect de l’Assemblée nationale et à la mise en place d’un calendrier électoral. Enfin l’Organisation des Etats d’Amérique, par le biais de son secrétaire général n’a pas hésité à dénoncer ce qu’elle qualifie aussi de coup d’Etat auto-infligé.