Les Etats-Unis font marche arrière sur l’environnement

La signature ce mardi d’un décret sur l’indépendance de l’énergie par Donald Trump va marquer un tournant dans la politique environnementale américaine. Le président américain a toujours été clair dans ses intentions, il souhaite donner un coup de pouce aux énergies fossiles, malgré la menace du réchauffement climatique. Avec ce décret, Donald Trump compte relancer l’emploi notamment dans les mines et les centrales qui fonctionnent avec du charbon. Une initiative qui va à l’encontre des accords de Paris sur le climat, la fameuse COP21, ratifiés par les Etats-Unis le 3 septembre 2016.

Ce décret sur l’indépendance énergétique signé par Donald Trump a deux principaux objectifs. Tout d’abord s’assurer que l’énergie soit « abordable et propre » afin de « favoriser la croissance économique et les créations d’emplois » comme le détaille un responsable de la Maison Blanche. Mais le principal but de ce décret est surtout de mettre à mal les mesures mises en place par la précédente administration pour lutter contre le réchauffement climatique.

La mesure phare de l’administration Obama s’appelait le « Clean power plan », c’est-à-dire le « projet pour une énergie propre ». Elle imposait aux centrales thermiques des réductions de 32% de leurs émissions de CO2, d’ici à 2030 (par rapport aux chiffres de 2005). Si ce texte entre en vigueur, il se traduira par une fermeture de nombreuses centrales à charbon, mais à l’heure actuelle sa mise en œuvre est bloquée par la justice qui a été saisie par une trentaine d’Etats, la plupart dirigés par des républicains. Enfin, ce décret de l’administration Trump a également pour objectif de réexaminer toutes les réglementations en vigueur.

Des mesures susceptibles de créer des emplois ?

La question de la création d’emplois divise. Bien entendu, du côté de la Maison Blanche on annonce de nombreuses créations d’emplois. Donald Trump l’a répété la semaine dernière lors d’un déplacement dans l’Etat du Kentucky, grand producteur de charbon, « de nombreux mineurs vont retrouver du travail ». Il faut préciser que, parmi les points abordés par ce décret, figure notamment l’annulation de l’interdiction de l’octroi de nouvelles concessions de mines de charbon sur des terres fédérales. Ce qui veut dire que de nouvelles mines sont susceptibles d’être ouvertes sur des terres appartenant à l’Etat fédéral.

Mais les experts doutent de la réalité de ces créations d’emploi. D’ailleurs, les scientifiques rappellent qui si l’industrie du charbon est en déclin, c’est tout simplement dû aux coûts d’exploitation, bien trop élevés, face à une concurrence ou au contraire les coûts ne cessent de baisser. Ces scientifiques citent souvent la concurrence du gaz naturel ou encore du gaz de schiste.

L’environnement : un thème secondaire pour la Maison Blanche

Depuis le début de la campagne pour la présidentielle Donald Trump n’a jamais caché ses intentions de revenir sur la politique de son prédécesseur. On pourrait le ranger dans la catégorie des climato-sceptiques, d’autant qu’il a nommé Scott Pruitt à la tête de l’agence de l’environnement (EPA). Scott Pruitt est un vrai climato-sceptique et il ne s’en cache pas puisqu’il n’a pas hésité à remettre en question le consensus international sur le fait que les émissions de CO2 soient un des principaux facteurs du réchauffement climatique.

Scott Pruitt qui n’hésite pas non plus à dire que l’accord de Paris, issu de la COP 21, est un mauvais accord. L’administration Trump a sévèrement amputé le budget de l’EPA, qui perd deux milliards six cent millions de dollars de financement et où de nombreux postes vont être supprimés – on évoque trois mille deux cents emplois. Ce qui provoque la peur et la colère des scientifiques qui y travaillent. Peur de voir leurs travaux effacés et colère parce que la politique de cette administration va à l’encontre de toute logique selon eux.

Pour tenter de contrer cette nouvelle approche, deux types de lutte pourraient émerger. La première se jouera devant les tribunaux puisque déjà de nombreux groupes de défense de l’environnement ont annoncé qu’ils allaient déposer des recours contre le nouveau décret. Le but étant de ralentir au maximum son entrée en vigueur.

L’autre lutte va se jouer au niveau des Etats. Les Etats-Unis étant un pays fédéral, les Etats qui le composent disposent d’une certaine marge de liberté et la plupart de ceux qui sont gouvernés par des démocrates vont continuer à appliquer la politique de la précédente administration, au risque d’être dans l’illégalité. C’est le cas notamment de la Californie, en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique, qui ne souhaite en aucun cas mettre en œuvre cette nouvelle politique assimilée à un retour en arrière.

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