Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Les plus jeunes poussaient des cris guerre contre le « serpent noir tueur ». Une ancienne prophétie de la nation Sioux évoquant l’animal qui viendra un jour chercher à les détruire. Les plus âgés étaient immobiles, en prière devant le portail de la Maison Blanche. « Nous prions pour l’eau, dit une femme, nous prions pour la protection de notre mère, la terre, et nous prions pour nous-mêmes, car notre vie aussi est sacrée. »
La manifestation des nations indiennes s’est déroulée dans une tristesse infinie, sous une pluie glaciale qui n’a pas arrêté les tribus, explique Deborah, des tribus unies jusqu’à la mort : « Si nous mourrons, nous mourrons en défendant nos droits. C’est une phrase de l’un de nos plus importants leaders : Sitting Bull. »
Ils sont venus du Dakota, d’Utah et des montagnes rocheuses. Sioux, Crow, Chickasaw, Hopi, toutes les nations. Comme Eric et Alice, tout juste arrivés du site de Standing Rock, ils sont pessimistes. « Nous sortons d’un procès perdu, raconte Eric, il n’est pas juste question des terres indiennes, c’est tout le pays. » « Je suis horrifiée par ce qui se passe sous mes yeux. Je veux être une voix pour dire, ce n’est pas juste », poursuit Alice.
Le président Trump a-t-il entendu les chants sous ses fenêtres ? Aucun signe, aucun message n’est parvenu de la Maison Blanche. Un fort service d’ordre, impassible, encadrait cette manifestation pacifique.