Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
La Maison Blanche a tenté de contourner la difficulté, en répondant point par point aux objections de la justice qui a bloqué le décret début février. Sur la preuve du danger posé par les réfugiés, le ministre de la Justice répond que 300 personnes, entrées sur le territoire américain par ce programme, sont aujourd’hui sous enquête du FBI. Sur la singularisation de la Syrie, ce pays est désormais traité comme les autres. Il ne s’agit plus d’une interdiction d’entrée permanente mais de 90 jours.
Une nouvelle bataille devant la justice ?
Pour justifier le choix des six pays retenus, trois d’entre eux - Syrie, Iran, Soudan -, sont considérés comme des financiers des diverses organisations terroristes. Quant aux trois autres, à savoir la Libye, la Somalie et le Yémen, il s'agit d'Etats qui, selon le décret, ne contrôlent plus leur territoire. A ce titre, ils représentent donc un danger pour les Etats-Unis. Jamais le terme musulman n’est employé dans les 12 pages du texte.
Enfin, concernant le chaos créé par le premier décret dans les aéroports, deux mesures sont mises en place : tout détenteur d’un visa ou d’une carte verte pourra entrer dans le pays, ce qui n'était pas le cas avec le premier texte. Et l’application du nouveau décret est reportée au 16 mars, pour permettre une meilleure organisation en amont de la mise en œuvre de la mesure. Reste à voir si ce décret, revu et amendé, éloignera vraiment la menace d’une nouvelle action en justice.
Pouvoir se vanter d'avoir tenu promesse
Les Etats américains à l’origine du blocage du premier décret ont déjà annoncé qu’ils avaient l’intention d’engager des poursuites sur ce nouveau texte. Les organisations de protection des migrants ont fait de même, et l’association Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a tweeté dès lundi soir ses intentions : « Rendez-vous devant la justice ». Un clin d'œil, puisqu'il s'agit du même message que celui de Donald Trump au mois de février.
Enfin, de nombreux observateurs doutent de l’efficacité du texte présenté. Dans trois mois, ni le gouvernement libyen ni celui de Somalie n’auront repris le contrôle de leur territoire. Et ces 90 jours ne font pas vraiment la différence pour le contrôle des antécédents des réfugiés. Ces derniers attendent souvent deux ans pour obtenir un visa. En revanche, en termes d’affichage, si le décret n’est pas bloqué en justice, bien sûr, Donald Trump pourra se vanter d’avoir tenu une de ses promesses de campagne les plus emblématiques.