Trump ne se vengera pas d'Obama lors du traditionnel dîner des correspondants

C'est l'un des événements mondains les plus connus de Washington. Mais il pourrait être privé cette année de son traditionnel invité d'honneur. Le président américain Donald Trump a annoncé dans un tweet qu'il n'assisterait pas au dîner annuel de l'Association des correspondants de la Maison Blanche, prévu le 29 avril 2017. Une longue histoire.

C'est une affaire quasiment intime entre Barack Obama, Donald Trump et la presse. En avril 2011, celui qui était alors au firmament de sa gloire, le président Obama, s'était offert un petit plaisir. Lassé par les rumeurs véhiculées autour de son lieu de naissance, le chef d'Etat avait profité du traditionnel dîner mondain de l'Association des correspondants de presse de la Maison Blanche, un exercice propice au sarcasme, à la dérision et à l'autodérision, pour régler son compte à l'un de ses détracteurs présent ce soir-là dans l'assistance : le milliardaire Donald Trump.

Depuis quelques mois, sur les plateaux de télévision, le célèbre magnat de l'immobilier reprenait en effet à son compte la théorie d'une naissance à l'étranger du président, ce qui aurait rendu son élection illégitime. Où est vraiment né Barack Obama  ? Peut-on voir son certificat de naissance  ? Est-il possible qu'il soit musulman  ? L'élection de 2008 pourrait devenir « la plus grosse arnaque de tous les temps », argumentait Donald Trump. Pointant que son Etat d'origine, Hawaii, venait de publier son acte de naissance intégral, le président avait alors répondu en se « payant » l'homme d'affaires.

« Donald peut désormais se poser les vraies questions, comme : avons-nous vraiment marché sur la Lune ? Que s’est-il vraiment passé à Roswell  ? Où sont Biggie et Tupac ? », avait lancé Barack Obama dans l'hilarité générale d'un parterre de journalistes conquis. Sauf que Donald Trump, lui, avait particulièrement ri jaune. Il serait ressorti du dîner avec un profond sentiment d'humiliation publique. « Je crois que c’est ce soir-là qu’il a décidé de se présenter pour 2016. Il s’est dit : " Je vais leur faire voir », considère Roger Stone, l’un des conseillers politiques du milliardaire.

Donald Trump n'a que peu de temps pour les « ennemis du peuple »

Selon la légende, tout serait donc parti de là. Victime de sa propre arrogance, et de la susceptibilité de Donald Trump, Barack Obama se serait presque créé lui-même un successeur à son exact opposé, le tout devant la presse du monde entier, devenue l'adversaire préféré du 45e président des Etats-Unis pendant sa campagne et depuis le début de son mandat. Et comme un épilogue, Donald Trump a finalement annoncé, samedi 25 février en toute fin de soirée via Twitter, qu'il ne se plierait pas à la tradition du dîner des correspondants cette année.

Certes, il n'est pas le premier à décliner l'invitation à ce dîner, lancé modestement en 1921. MM. Nixon, Carter et Reagan s'en étaient eux-mêmes parfois abstenus, rappelle notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet. Et compte tenu des relations tendues que le président entretient avec ceux qu'il appelle « les ennemis du peuple », il n'est pas surprenant que Donald Trump se dérobe. Mais pour Brian Stelter, analyste des médias de CNN, il rate là une occasion d'améliorer les relations, lors d'une soirée conviviale où chacun laisse habituellement les armes au vestiaire.

Barack Obama, condescendant face au succès du « Donald »

Le dîner 2017 eût été également, pour le magnat new-yorkais, une belle chance de prendre définitivement sa revanche sur Barack Obama, en occupant seul la place à une tribune qu'affectionnait tant ce dernier. D'autant que M. Obama, ostensiblement sceptique sur les compétences et sur les chances de victoire de M. Trump pendant toute la campagne présidentielle, n'avait pas pu s'empêcher de récidiver, condescendant, lors du dîner de l'an passé, en pleine primaire républicaine, mais cette fois-ci en l'absence de son opposant, « le Donald ».

« Je suis un peu peiné de son absence », avait-il lancé. « Nous nous étions tellement bien amusés la dernière fois et c'est surprenant, il y a là une salle pleine de soutiens, de célébrités, de caméras et il a dit non ! Est-ce que ce dîner serait trop tape-à-l’œil pour le Donald ? Qu'est-ce qu'il peut bien faire en ce moment ? Manger un steak Trump ? Tweeter des insultes à Angela Merkel ? » Et de louer en ces termes ses connaissances en politique étrangère : « Il a passé des années à rencontrer des dirigeants du monde entier comme Miss Suède, Miss Argentine, Miss Azerbaïdjan ! »

Barack Obama allait aggraver son cas, en félicitant la presse pour la couverture « digne » qu'elle avait accordée selon lui « au sérieux de cette candidature ». « Vous pouvez être fiers de vous », avait-il ironisé. Sauf que l'élection passée, l'ex-commandant en chef désormais ne rit plus. En l'absence de Donald Trump, le président de l'Association des correspondants de la Maison Blanche a assuré que le dîner aurait néanmoins lieu en avril prochain. Mais à l'évidence, sans le plat de résistance, le repas manquera de sel.

→ À relire : Pour Donald Trump, « le président Obama est né aux Etats-Unis, point final »

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