« Si le Mexique n’est pas prêt à payer le mur, qui est vraiment nécessaire, ce serait mieux d’annuler la rencontre à venir », tweetait hier le président Donald Trump. Son homologue mexicain l’a pris au mot. Alors qu’il devait se rendre à Washington la semaine prochaine, Enrique Peña Nieto a annoncé ce jeudi – lui aussi via Twitter – qu’il annulait sa visite. « Ce matin, j’ai informé la Maison Blanche que je n’assisterai pas à la réunion de travail programmé mardi prochain avec @Potus [President of the United States, ndlr] », a-t-il écrit.
Enrique Peña Nieto ne pouvait qu'apporter cette réponse. Car au Mexique, aussi bien l'opinion publique que la classe politique sont vent debout contre la construction de ce qui a été baptisé « le mur de la honte ». Les Mexicains attendent désormais de leur chef de l'Etat rien de moins que de préserver la dignité de leur pays.
« Tant que le Mexique ne traite pas les Etats-Unis de manière équitable et avec respects, une telle rencontre est stérile », a réagi Donald Trump depuis Phildephie. Le président américain envisage désormais de financer la construction du mur en imposant une taxe de 20 % sur tous les produits venus du Mexique. « En faisant cela, nous pouvons récolter 10 milliards de dollars par an et facilement payer pour le mur grâce à ce seul mécanisme », a indiqué son porte-parole Sean Spicer.
Donald Trump avait pourtant fait des efforts de diplomatie. Dans son intervention au ministère de la Sécurité nationale mercredi 25 janvier, le président des Etats-Unis a gommé toute l’agressivité observée pendant la campagne, rapporte notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. Il a pris soin de dire que les Mexicains sont des amis des Etats-Unis et que le mur qu’il veut faire construire à la frontière avec le Mexique est un mal nécessaire pour les deux pays. Tout en ajoutant que d’une manière ou d’une autre, Mexico paierait pour sa construction.
Mais le refus catégorique du président mexicain de financer le mur a provoqué la fureur de Donald Trump. La suite est connue. Moins d’une semaine après son investiture, le président américain est confronté à un premier incident diplomatique.
De leur côtés, les élus semblent quelque peu gênés. Les dirigeants républicains du Congrès n'ont pas souhaité commenter ces tensions entre les deux pays voisins et habituellement proches alliés. Ainsi, le dirigeant du Sénat, Mitch McConnel, a expliqué que le Congrès allait, certes, se prononcer sur la construction du mur, mais n'allait pas se mêler des interactions entre Donald Trump et des dirigeants étrangers.