Les Etats-Unis n'offriront plus automatiquement l'asile aux Cubains

Les Cubains qui entrent aux Etats-Unis n’auront plus d’asile automatique. L’administration américaine et la Havane ont trouvé un accord sur ce délicat sujet de l’immigration clandestine. Une mesure de dernière minute pour Barack Obama qui risque de provoquer de nombreuses réactions chez les élus qui se sont opposés à la reprise des relations avec Cuba.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

On appelle cette règle de l’ère Clinton et de la crise des « balseros » en 1995 « la loi pieds secs - pieds mouillés ». Le texte énonce que tout citoyen cubain touchant le sol américain bénéficie de l’asile, puis d’une carte verte. Un énorme avantage par rapport à tous les Latino-américains qui tentent d’entrer aux Etats-Unis.

Les autorités cubaines souhaitaient l’annulation de cette loi, considérée comme une incitation au départ pour une émigration économique. Une règle déloyale entre deux pays qui ont désormais des relations presque normales.

Discrétion

Washington attendait, en retour, que La Havane accepte de récupérer les Cubains expulsés des Etats-Unis, ce qui n’était pas le cas jusque-là.

Voilà une négociation menée dans la discrétion, qui va certainement provoquer la fureur de la communauté anti-Castro de Miami, qui soutient toujours que la migration cubaine n’est pas économique mais politique.

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Le retrait de cette loi est aussi la dernière preuve de la normalisation entre les Etats-Unis et Cuba appelée de ses vœux par Barack Obama.


La fin d’un système qui a perduré pendant 50 ans

C’est un régime spécial qui a permis à des centaines de milliers, peut-être même près de deux millions de Cubains de s’installer aux Etats-Unis. La loi d’ajustement adoptée en 1966 par les Etats-Unis leur offrait des facilités d’installation, une loi qui encourageait l’émigration sauvage et qui favorisait également le trafic de personnes.

Plusieurs vagues massives de migrants débarquant aux Etats-Unis ont par la suite été répertoriées. En 1980 par exemple, lorsque Fidel Castro ouvre le port de Mariel aux bateaux venant de Floride, ce sont près de 125 000 personnes qui rejoignent ainsi le continent.

Dans les années 90, alors que Cuba connaît l’une de ses pires crises économiques, des dizaines de milliers de Cubains tenteront la traversée et s’installeront ensuite aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs en 1995 que cette loi va être élargie avec le dispositif connu sous le nom de « pieds secs, pieds mouillés » qui permettait jusqu’à aujourd'hui aux Cubains d’y être accueillis à bras ouverts.

 

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