Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Aujourd'hui, au Venezuela, le montant du billet le plus élevé est de 100 bolivars. A partir du 15 décembre, les Vénézuéliens auront d'abord accès à des billets de 500 bolivars, puis de 5000. A terme, ils utiliseront des billets de 20 000 bolivars : une trentaine de dollars au taux de change officiel « flottant », moins de 5 dollars au marché noir en ce moment.
Alejandro est serveur dans un restaurant à deux pas du Boulevard Sabana Grande, une des grandes artères commerciales de la capitale. Il vient de terminer son service. Face à lui, une montagne de bolivars : les pourboires de l'équipe.
« A quoi ça sert d'avoir autant de billets s'ils ne valent rien ?, s’interroge-t-il. C'est juste un énorme paquet de billets. 7000 bolivars de pourboires pour moi sur ces trois jours et tu as vu le temps que ça m'a pris de compter tout ça. Avec ça, je peux tout juste m'acheter un kilo de riz et une pomme. Je pense que ces nouveaux billets vont faciliter la vie des Vénézuéliens mais aussi des banques. Mais cette mesure aurait dû être prise il y a un an. J'espère que ça va pouvoir résoudre notre situation. »
Un avis que ne partage pas ce commerçant de Chacao qui voit dans ces nouveaux billets un retour en arrière. En 2008, une reconversion monétaire avait éliminé trois zéros des anciens billets pour permettre l'arrivée du « bolivar fort ».
Echec
Alors, ces nouveaux billets, c'est pour lui la preuve de l'échec de la politique économique et monétaire du gouvernement : « Nous retournons en arrière mais avec un contexte de méga-dévaluation et d'hyperinflation qui fait que ces nouveaux billets ne permettront de rien acheter. Le gouvernement reconnaît que le système ne marche pas. Mais il trompe le peuple en lui faisant croire que ça va être la solution à ses problèmes économiques. Ce qui nous attend, c'est plus de pénuries, plus de misère, moins d'argent et plus de délinquance. »
Et justement, l'Assemblée Nationale a débattu ce jeudi au sujet de « l'aggravation de la crise économique ». Les députés, majoritairement d'opposition, ont notamment dénoncé la dépréciation du bolivar.