Pendant la campagne, le candidat Trump avait annoncé qu’un de ses premiers actes serait d’abolir la loi phare de Barack Obama sur la santé. Le président élu vient de déclarer qu’il pourrait simplement l’amender. C'est à la suite de sa rencontre avec le président Obama, jeudi 10 novembre à la Maison Blanche, que le futur numéro un américain aurait assoupli sa position résolument hostile à l'Obamacare.
Que va donc devenir la réforme majeure de l'administration Obama ?
Du système créé en 2010, qui a permis à 22 millions d'Américains de disposer d'une assurance-maladie grâce à des subventions de l'Etat, Donald Trump pourrait tout de même conserver l'interdiction faite aux assureurs de refuser un patient en raison de son état de santé, et maintenir la possibilité pour les parents de faire couvrir plus longtemps leurs enfants par leur propre assurance.
Donald Trump précise également que ceux qui bénéficient actuellement de l'Obamacare ne se retrouveront pas sans couverture sociale pendant la période durant laquelle le système actuel pourrait être modifié, remplacé par un autre, ou même supprimé. De son côté, l'administration Obama continuera d'inciter les Américains à souscrire à cette assurance-santé jusqu'à la fin de son mandat en janvier prochain.
Donald Trump met donc de l'eau dans son vin. Pourrait-il faire preuve du même esprit conciliant dans d’autres domaines ? Va-t-il par exemple demander au Mexique de payer pour son mur à la frontière séparant les deux pays ? Improbable, répond Newt Gingrich, qui pourrait être son secrétaire d’Etat. Va-t-il aussi expulser 11 millions de clandestins ? Cela coûterait 400 milliards de dollars à l’économie américaine, rappelle notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet.
Hillary Clinton peut se rassurer, Donald Trump n'enquêtera pas sur elle
Le futur président veut-il vraiment interdire l’entrée des musulmans ? L'intéressé ne répond pas à la question, mais il a déjà limité son interdit aux seuls musulmans venant de pays où il y a du terrorisme. L’usage de la torture ? « Propos de campagne », déclare Mike Rogers, ancien président du comité sur le renseignement de la Chambre des représentants ! Imposer une taxe de 45 % sur les importations chinoises ? Uniquement si Pékin manipule sa monnaie, explique son conseiller Wilbur Ross.
Le magnat de l'immobilier, dont la première longue interview télévisée doit être diffusée ce dimanche par la chaîne CBS, a aussi jugé dans le Wall Street Journal que lancer une enquête sur son ex-rivale Hillary Clinton n'était pas sa priorité. Pendant la campagne, il avait pourtant répété que l'ex-secrétaire d'Etat méritait la prison pour avoir utilisé un serveur privé pour ses emails. Mais « ce n'est pas une chose à laquelle j'ai beaucoup réfléchi », a déclaré au WSJle futur président des Etats-Unis.
Dans la même verve, l’accord nucléaire iranien sera-t-il « déchiré » ? Le conseiller du président élu en politique étrangère, Walid Phares, dans une interview à la BBC, tempère déjà : « Il va le réexaminer, l’envoyer au Congrès, exiger des Iraniens qu’ils changent quelques points et il y aura une discussion. » Dilemme de M. Trump, maintenant qu’il a gagné - ce qui l’a lui-même surpris, selon le New York Times : revenir sur certaines de ses promesses électorales les plus radicales, ou les assouplir, sans mécontenter ses supporteurs.
→ Écouter sur RFI : Quelle politique étrangère à venir ? (Géopolitique, le débat)
■ Les manifestants continuent de signifier à Trump qu'il n'est pas leur président
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont encore défilé samedi 12 novembre pour exprimer leur hostilité à Donald Trump aux Etats-Unis. Ils étaient 10 000 à Los Angeles. A New York, au moins 15 000 manifestants ont convergé vers la tour Trump, où le président élu est installé en attendant de rejoindre la Maison Blanche. Malgré ses appels à l'unité, M. Trump devrait de nouveau voir des citoyens descendre dans les rues ce dimanche.
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