Présidentielle américaine: Huma n’est pas à la fête

Huma Abedin, la plus fidèle collaboratrice d’Hillary Clinton, se trouve dans la tourmente dans l’affaire des courriels non sécurisés qui ont poussé le FBI à rouvrir son enquête, à onze jours de l’élection présidentielle. Même si elle n’est pas impliquée à titre personnel, c’est l’ordinateur qu’elle partageait avec son ex-mari qui a relancé l’enquête.

La discrète Huma se serait bien passée de ce nouveau coup de projecteur. Et Hillary Clinton encore plus. C'est apparemment après la découverte de messages émanant du département d'Etat (le ministère des Affaires étrangères américain ; NDLR) trouvés sur l'ordinateur portable partagé par Huma Abedin et son ex-mari Anthony Weiner, que le directeur du FBI James Comey a annoncé vendredi qu’il rouvrait l'enquête sur les emails non sécurisés d'Hillary Clinton.

La nouvelle, qui a fait l’effet d’une bombe, a totalement modifié la dynamique de la campagne présidentielle qui semblait avoir définitivement tourné à l’avantage de la candidate démocrate depuis ses trois débats télévisés face à Donald Trump.

Malheureusement pour elle, ce n’est pas la première fois qu’Huma Abedin est trahie par les frasques de son mari, dont elle s’est séparée, de guerre lasse, en août dernier. Alors qu’elle avait réussi un parcours exemplaire dans le sillage d’Hillary Clinton depuis vingt ans, son ex-conjoint, qui était également promis à un bel avenir, a tout gâché à cause de messages libidineux, perpétuant ainsi la malédiction du camp Clinton avec les histoires de braguette. Née à Kalamazoo dans le Michigan de parents enseignants d'origine indienne et pakistanaise, Huma Abedin a passé son enfance en Arabie Saoudite avant de revenir faire ses études supérieures aux Etats-Unis à l'université George Washington.

Stagiaire à la Maison Blanche

Engagée comme stagiaire à la Maison Blanche en 1996 à l’âge de 19 ans, elle est affectée au bureau de la Première dame où elle donne entière satisfaction. Une fois partie de Washington, elle rejoint Hillary Clinton qui fait d'elle sa directrice de cabinet quand elle est élue sénatrice de l'Etat de New York en 2001. Huit ans plus tard, Huma reste fidèle à l’ancienne First Lady qui la prend comme assistante personnelle lors de sa campagne pour la présidentielle de 2008, puis en fait sa directrice-adjointe de cabinet au secrétariat d’Etat quand elle y est nommée par Barack Obama en 2009.

En vertu d'un arrangement spécial, la collaboratrice est quand même autorisée à travailler comme consultante pour Teneo, une entreprise de conseil liée à la Fondation Clinton, dont elle est également salariée, encourant au passage le risque d’être accusée de conflit d’intérêts. Le 10 juillet 2010, elle épouse Anthony Weiner, un élu démocrate du Congrès qui est de 12 ans son aîné et qui vise à court terme la mairie de New York, et plus si affinités. Mais la suite est cruelle. Alors qu’elle est enceinte de leur fils, Jason, Anthony Weiner doit démissionner de la Chambre des représentants après la publication sur Twitter de photos explicites et de messages à caractère sexuel échangés avec différentes femmes. Premier scandale, abondamment couvert par les tabloïds new-yorkais.

En mai 2013, Anthony Weiner semble guéri de ses pulsions et annonce sa candidature à la mairie de New York. Deux mois plus tard cependant, de nouvelles accusations font surface, montrant qu'il continue à envoyer des messages lubriques sur la toile, sous le pseudonyme de « Carlos Danger » (sic). Face à ce nouveau scandale, Huma reste digne et fait front. Elle explique qu'elle aime son mari et qu’elle lui a pardonné. Elle figure même dans un documentaire sur sa campagne ratée pour la mairie de New York. Et elle reste parallèlement très proche d'Hillary Clinton qui lui garde sa confiance, en dépit du caractère désormais radioactif de son couple. Il faut dire que les épreuves ont rapproché les deux femmes.

Une relation de confiance

« La nature de notre relation a changé », expliquait ainsi Huma Abedin dans l'édition du mois d'août du magazine Vogue. « Au fil des années, nous avons partagé des histoires sur nos vies, nous avons partagé plus de repas que je ne peux compter, nous avons fait la fête ensemble, pleurés ensemble ». Hillary Clinton a pour sa part toujours soutenu sa collaboratrice. « Sa grâce, son intelligence et son humilité sont sans pareilles, et je l'ai vue évoluer d'assistante puis conseillère, jusqu'au sommet de ma campagne », confiait-elle dans le même magazine à propos de celle qui voyage fréquemment à ses côtés et a souvent la responsabilité du téléphone portable de la candidate démocrate.

Du fait de cette proximité, Huma Abedin a été conviée, en octobre 2015, à témoigner devant une commission du Congrès à propos de l'attaque de Benghazi qui a coûté la vie à quatre diplomates américains en septembre 2012. Elle a aussi été interrogée par le FBI en mai dernier, dans l'enquête sur le serveur privé d’Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat. Le 29 août, elle avait annoncé sa séparation d’avec Anthony Wiener après de nouvelles révélations montrant que ce dernier continuait à envoyer messages et photos à connotation sexuelle à des inconnues, dont une mineure âgée de 15 ans, sur leur ordinateur portable partagé. C'est semble-t-il cette dernière infraction qui a amené le FBI à demander un supplément d'enquête sur les fameux emails non sécurisés.

Après quelques jours de repos, Huma Abedin avait repris la campagne aux côtés de Hillary Clinton, laquelle, malgré les scandales, semblait compter sur elle pour qu'elle devienne sa chef de cabinet à la Maison Blanche, en cas de victoire le 8 novembre à la présidentielle.

Désormais, plus rien n‘est sûr, même si aucune accusation n’est pour l’instant retenue contre Huma Abedin à titre personnel. « Elle a pleinement coopéré avec les autorités. Elle leur a remis tout ce qui était en sa possession », a déclaré John Podesta, le directeur de campagne de l'ex-Première dame. « Ce serait un problème si elle se voyait confier un poste important à la Maison Blanche. Cela obligerait la future administration à rester sur la défensive », faisait néanmoins observer mardi un politologue américain interrogé par The Guardian.

(avec AFP)

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