Retenu à la douane, José Bové finalement autorisé à séjourner au Canada

Le député européen et militant José Bové, bien connu pour ses positions contre la mondialisation de l'économie et son combat contre les OGM, a eu bien du mal à entrer au Canada. L'homme, venu participer à une série d'activités visant à dénoncer le futur accord Ceta entre le Canada et l'Union européenne (UE), a passé plusieurs heures en attente dans les services douaniers de l'aéroport de Montréal, avant de faire face à une possible expulsion du pays le jour même où Manuel Valls y commençait sa visite officielle. Apparemment, les condamnations de José Bové pour la destruction en France d'un lieu de restauration rapide l'empêchaient d'entrer au Canada, même si, dans les faits le militant a déjà visité plusieurs fois ce pays.

Avec notre correspondante à Montréal, Pascale Guéricolas

Pour José Bové, tout commence à son passage aux douanes canadiennes. L'agent en service refuse de lui accorder le droit de rester au pays, car le militant a été condamné il y a 17 ans en France pour sa condamnation à trois mois de prison concernant son implication dans la destruction d'un restaurant McDonald's en 1999 à Millau. Même si le militant a visité plusieurs fois le Canada depuis, ce dossier juridique lui interdit en théorie l'entrée sur le territoire.

Finalement, l'affaire se règle 24 heures plus tard. Un douanier informe José Bové qu'un « revirement de situation », permet à l'eurodéputé de rester une semaine au Canada afin de « permettre à un membre français du Parlement européen d'entrer librement au Canada afin qu'il puisse donner son opinion concernant une question importante pour les Canadiens, comme l'Accord économique et commercial global », a indiqué Camielle Edwards, la conseillère principale du ministre de l'Immigration, dans un courriel à l'AFP. L'histoire ne dit pas si le battage médiatique autour de cette affaire a contribué à ce revirement.

Par sa présence au Canada, José Bové veut susciter le débat sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. Cette entente commerciale appelée Ceta doit être ratifiée par Ottawa et Bruxelles le 27 octobre et entrer en application dès 2017. Pour l'eurodéputé, cet accord affaiblit les Etats face aux entreprises multinationales ; il ne respecterait pas non plus les principes environnementaux consacrés par l'Accord de Paris sur le climat.

A plusieurs reprises, des visiteurs étrangers célèbres ont eu des difficultés à entrer au Canada. En août 2016, Aminata Traoré, l'ex-ministre malienne de la Culture n'a pu participer au Forum social mondial, faute de visa. Et l'humoriste Dieudonné est reparti en France sans avoir pu sortir de l'aéroport en mai.

Plusieurs voix au Canada dénoncent la rigidité des douanes, et leur très grand pouvoir. Certains vont même jusqu'à réclamer un assouplissement des lois pour faciliter la circulation des personnes.

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