Avec notre envoyée spéciale à San Vicente del Caguan, Marie Eve Detoeuf
San Vicente del Caguan est un bourg emblématique, au cœur d’une région depuis toujours dominée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Des négociations de paix s’y sont tenues et y ont échoué il y a quinze ans.
La campagne pour le referendum du 2 octobre y bat maintenant son plein. La maire, Humberto Sanchez est uribiste, partisan de l’ex-président Alvaro Uribe. Mais c’est un uribiste prudent : « J ‘ai été élu maire pour le parti du Centre démocratique qui fait campagne pour le non. Mais voilà, ici c’est une région qui a vécu le conflit et, où tout le monde, d’une façon ou d’un autre, veut la paix, alors je ne peux pas peser dans la balance parce que ce ne serait pas démocratique. »
Le prêtre Carlos Sanchez souhaite lui aussi la paix. Mais, comme le maire et comme l’Eglise catholique, il ne veut pas prendre position sur le référendum : « Moi, je crois que le chemin de la paix ce n’est pas facile parce que la paix demande de changer les cœurs. Si on n’est pas capable de changer les cœurs, ce n’est pas facile la paix. »
Cette prudence agace l’ancien maire de San Vicente, Domingo Perez. Un homme de gauche qui a été séminariste : « La position de l’Eglise me cause un profond malaise. Je considère que c’est une position timorée qui va contre sa mission évangélique qui est de promouvoir la paix et la réconciliation. Face au processus de paix colombien, l’Eglise ne peut pas rester neutre. »
Lui n’est pas neutre. Il est sur la place du village à animer les partisans du « oui ».